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Interview : Lolita Sene

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Dans un récit choc très agréable à lire, tout juste paru, C, la face noire de la blanche, Lolita Sene raconte sous le nom de son héroïne Juliette, comment la cocaïne a emprisonné son esprit et son corps pendant 6 ans. L’élégante et jeune rescapée de 27 ans y confie le plaisir fugace du mélange coke/sexe, la descente aux enfers, puis le décrochage et la renaissance. Aujourd’hui, Lolita figure parmi les nouveaux talents de la maison d’édition Robert Laffont. Interview détox autour d’un thé vert.

 

Lolita Sène - Crédit : Astrid di Crollalanza

Lolita Sène – Crédit : Astrid di Crollalanza

Pourquoi dit-on que la cocaïne booste la séduction ?

Lolita Sene : Dans la phase de séduction, que ce soit en amour ou en amitié, on a l’impression de partager quelque chose de convivial, des paroles, des mots. La coke rend très volubile. On est encore plus désinhibé qu’avec l’alcool. Comme c’est illégal, la prise se fait souvent à l’écart, dans l’intimité d’une salle de bains ou des toilettes.

Pourquoi a-t-elle la cote dans les nuits parisiennes ?

Avant, on invitait les jeunes filles à boire un café, maintenant c’est une trace. Le cocaïnomane a toujours besoin de quelqu’un pour lui tenir compagnie jusqu’au bout de la nuit, pour ne pas se retrouver seul éveillé. Cette drogue rend très égocentrique. Chacun ne parle que de lui. Dans mon livre, j’ai retranscrit les conversations de mes amis et moi. Je les avais enregistrées en douce. C’est d’une grande vacuité.

Est-ce que cette drogue est un aphrodisiaque ?

Les premières lignes, je me sentais belle, désirable. On peut avoir une excitation et envie de son interlocuteur. J’ai même demandé à un inconnu de m’épouser. Mais au bout d’un demi-gramme, il est 6 h du matin, c’est finalement très compliqué. Le soleil se lève, on est épuisé et le mec n’arrive pas à bander. Pendant des années, j’ai enchaîné des baises désastreuses avec ce sentiment d’être seule, mais d’avoir quand même quelqu’un physiquement à côté de moi. Et puis les produits qui servent à couper la poudre sont souvent laxatifs. Je raconte une scène où un mec qui me plaît est obligé d’aller en urgence aux toilettes. Ça casse la rencontre.

Dans ton livre, la vie en couple sous coke, c’est la cata…

On dit que sous alcool on dit la vérité; je dirais que sous cocaïne on ment beaucoup, on se saoule de mots, on fait des tonnes de plans sur la comète. Les couples se nourrissent de fantasmes mais ne réalisent rien du tout. Au moment de la séparation, on se retrouve livré à soi-même comme dans toute séparation. Mais en plus de ça, on va encaisser une année complète de cocaïne. La coke crée des liens que l’on ne peut oublier qu’en arrêtant totalement sinon tu recherches toujours ton ex à travers les autres. Je me suis détachée de ce mec seulement depuis un an. La drogue à deux c’est vraiment le pire. La coke finit par prendre toute la place.

Est-ce que tu avais du plaisir sous C ?

Oui, quand tu tapes de la cocaïne, t’as l’impression d’atteindre le summum du plaisir. Je n’avais plus aucun problème. Mais petit à petit, les choses basculent imperceptiblement. Tu cherches frénétiquement le plaisir mais tu ne le trouves pas. Tu deviens hyper nerveux, hyper fermé, noir. Nous vivons dans une dictature du plaisir. Les magazines féminins et le porno nous ordonnent de jouir et de consommer. Du coup, quand on n’en a pas pendant une petite période, ce qui est normal dans la vie, on ne le supporte pas. On veut toujours être au top. En arrêtant, j’ai enfin découvert le plaisir de me retrouver seule le soir. Je peux avoir envie d’être triste, de ne pas avoir envie de cul, ne pas avoir envie d’être belle.

Est-ce que tu jouissais davantage ?

Pour avoir un orgasme, il faut être bien dans son corps. Il y a beaucoup de filles qui ont des problèmes avec leur corps, qui n’arrivent pas à jouir, la drogue n’aide pas à s’ouvrir aux sensations. Même si j’avais l’impression que mon esprit fusionnait avec un inconnu pendant 2 heures, ça n’aboutissait à rien. Ce n’est pas une drogue sensuelle, on est anesthésié, on ne se caresse pas vraiment. Je suis rentrée dans un engrenage coke-homme.

Est-ce que ‘‘ceux qui en prennent ont des problèmes ?’’

J’en avais pas spécialement, j’ai eu une adolescence très sage. En fait, j’étais nourrie par les images de figures artistiques, cinématographiques, même des écrivains qui en prenaient. Je n’ai jamais eu envie d’héro ou d’extasy, la C m’a en revanche toujours intriguée. La réussite passait par la poudre. J’avais cette impression que si, un jour, on me proposait de la cocaïne, j’allais accéder à un milieu. J’avais envie de ressembler à Kate Moss, juchée sur 10 cm de talons. Je pensais que c’était la clé pour être moi. Je voulais atteindre le sommet de la pyramide. Il faut que cette drogue tombe de son piédestal.

Est-ce que la coke profite d’une image de drogue des stars ?

Oui, c’est un problème, la coke a été banalisée par les stars. Elle a l’image d’une drogue de riche, chic et fashion et c’est pervers.

Finalement c’est une drogue très adaptée à l’époque…

On nous met beaucoup de pression, les études sont de plus en plus longues, et de plus en plus chères. Le tout dans un contexte no future. On a envie d’aller vite, monter les échelons, être indépendant. Et puis on est jeune, on fait la fête, du coup, on veut tenir, on veut vivre, on dormira quand on sera mort.

Il y a 2 ans tu décides d’arrêter. Tu vas replonger plusieurs fois. Dans ton livre, tu témoignes d’un système de prévention et d’aide pas vraiment adapté aux consommateurs de cocaïne.

Il y a un gros manque d’information. Le problème avec les médecins, c’est qu’il existe une grande différence entre ce qu’ils disent de la première expérience et la réalité. Ils oublient de parler du plaisir. Sans en faire l’apologie, au début, c’est vrai que ça donne du plaisir. Sur les sites des pouvoirs publics, les mots ne sont pas ceux de ma génération. Après, il y a internet, les forums Doctissimo et la fiabilité toute relative de ces informations. Personne n’en parle de la bonne manière. On m’a souvent dit : « Lolita, tu fumes un peu trop». Mais quand je tapais, personne me disait «tu tapes
peut
être trop».

Tu fais une description épouvantable des réunions des Narcotiques Anonymes d’où tu es partie en courant…

Le problème, c’est qu’ils traitent les cocaïnomanes de la même manière que les héroïnomanes. Dans des locaux religieux, ces rassemblements de 50 personnes se déroulent toujours selon le même rituel. Chacun prend la parole sous une lumière blafarde. Ce sont des gens addicts à toutes sortes de choses y compris le sexe. C’est une secte. Il vaut mieux aller vers une religion. L’univers sera plus positif. Comme ça ne m’était pas adapté, ça a eu l’effet pervers de me faire fuir.

Que faut-il changer dans la prise en charge des cocaïnomanes ?

Ce qui est sûr, c’est que les gens ont envie de parler. L’idée du groupe de parole n’est pas inintéressante mais il faudrait plus de possibilités à des horaires adaptés aux gens qui bossent. Les jeunes ont besoin de rencontrer les plus âgés pour bâtir une prévention. Enfin, il faudrait des campagnes de sensibilisation réalistes.

Est ce que tu en serais au même niveau si tu n’avais pas rencontré la cocaïne ?

Honnêtement, j’ai fait énormément de rencontres de boulot. J’aurais pu les avoir sans ça. Mais partager des lignes avec certaines personnes m’a certainement amenée là. C’est sûr que j’aurais perdu moins de temps. J’aurais écrit plus de livres au lieu d’être dans les descentes et de coucher avec des mecs. J’ai détruit des amitiés, des amours. Je me suis fait du mal au corps, à l’esprit.

Tu as appris sur toi, quand même, avec cette expérience ?

Je me suis éloignée de moi pendant très longtemps et j’ai mis 6 mois à me retrouver, à réapprendre qui j’étais, à constater que j’avais besoin d’être seule de temps en temps, sans envie de m’afficher. En fait, je redécouvre que je suis assez posée. J’aime prendre du temps le week-end.

Le plaisir d’écrire te rappelle la coke ? Les lignes, tu les traces autrement maintenant ?

C’est censé t’en donner, mais au final, ça te freine dans ta vie, t’as l’impression de courir. En fait, tu tournes au ralenti. Maintenant que j’ai retrouvé mon énergie et ma santé, l’écriture me recentre sur moi, je bois des cafés, je suis en ébullition et j’écris. J’ai une petite voix dans la tête… Oui, je prends même plus de plaisir qu’avec la cocaïne, c’est sûr !

couverture C.

 

C, la face noire de la blanche de Lolita Sene aux éditions Robert Laffont

 

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24h au cul de Julia Palombe

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Prénom : Julia

Nom : Palombe

Métier : chanteuse pop-rock puissante et charnelle

Notre journaliste Emmanuelle Julien et notre photographe Edouard Mazaré lui ont collé aux fesses toute la journée. Intense, rock et drôle.

8h28 Quartier Montmartre (Paris 18ème). Julia accompagne son fils et un voisin à l’école maternelle. « Je m’habille souvent sexy avec des bas. Les enfants aiment bien caresser la matière, c’est doux. » Et voilà comment Julia convertit de futures générations de fétichistes de haut vol !

Julia Palombe - Netech le Mag  2015 © E. Mazaré

Julia Palombe – Netech le Mag 2015 © E. Mazaré

8h36 – Dans son album Nue, Julia joue avec les codes de l’érotisme. « Se rencontrer, s’écouter, se caresser, se goûter, s’aimer, se séparer, se détester. Je milite ardemment pour développer l’intelligence érotique. »

Julia Palombe - Netech le Mag  2015 © E. Mazaré

Julia Palombe – Netech le Mag 2015 © E. Mazaré

 8h40Dans un café, à deux pas de chez elle, elle travaille sur fond de papier journaux en déco. « Je vais sur les grands sites de presse pour m’imprégner de l’actu et de l’air du temps ». Les médias l’aiment bien. Julia a déjà été invitée par Thierry Ardisson, Frédéric Taddéi et Serge Moati… Dernièrement Brigitte Lahaie lui a avoué sur l’antenne de RMC : « Je vois qu’avec Julia la relève est assurée. »

Julia Palombe - Netech le Mag  2015 © E. Mazaré

Julia Palombe – Netech le Mag 2015 © E. Mazaré

10h12Marché St-Pierre (Paris 18ème) où se concentrent les magasins de tissus. Elle vient chercher de quoi agrémenter un costume de scène. « Je couds depuis mes études au Conservatoire National de Danse d’Avignon. Je connais les bases et j’improvise ! »

Julia Palombe - Netech le Mag  2015 © E. Mazaré

Julia Palombe – Netech le Mag 2015 © E. Mazaré

 

Julia Palombe - Netech le Mag  2015 © E. Mazaré

Julia Palombe – Netech le Mag 2015 © E. Mazaré

12h23Déjeuner chez elle avec Sergio, le compositeur. Ils échangent en vue du concert du soir, en buvant un vin rouge du sud de la France (minimum 14 degrés). « On cherche, on ne s’interdit rien, jusqu’à trouver le bon son, la bonne phrase. »

Julia Palombe - Netech le Mag  2015 © E. Mazaré

Julia Palombe – Netech le Mag 2015 © E. Mazaré

Julia Palombe - Netech le Mag  2015 © E. Mazaré

Julia Palombe – Netech le Mag 2015 © E. Mazaré

14H04 Quartier Daguerre (Paris 14ème). En studio, les riffs raisonnent et les idées aussi ! Julia est exigeante voire perfectionniste avec ses bons musiciens aux têtes de bourlingueurs. Nous avons pu écouter ses toutes dernières chansons. Au delà de l’érotisme, Julia raconte le quotidien des couples animés par la passion et l’angoisse : « Chéri réveille-toi ! Faut que je t’parle. Est ce que tu m’aimes ? Tu fais semblant de dormir ? Réveille-toi !… » Autre titre inédit sur l’amour, loin des traditionnels schémas : « Un couple libre et engagé/ en contrat sans exclusivité/ appelons-le comme on veut/ libertin, polyamoureux. » 

Julia Palombe - Netech le Mag  2015 © E. Mazaré

Julia Palombe – Netech le Mag 2015 © E. Mazaré

15h48Fin de la répet. Petit coup de barre propice à la confidence : « Je vois l’amour et le désir comme une chose fluctuante, dansante, jamais figée. Le désir est une chorégraphie. »

Julia Palombe - Netech le Mag 2015 ©E.Mazaré

Julia Palombe – Netech le Mag 2015 ©E.Mazaré

16h30 – Retour à Montmartre. Julia fait des jalouses. Dans son dos, deux jeunes passantes critiquent sa tenue. Julia s’en moque : « Ma mère m’a enseigné une chose capitale : le regard des autres n’a aucune importance. Historiquement les jouisseuses étaient considérées comme des « sorcières ».

Je milite pour le retour des sorcières, c’est le manque de sexe qui nuit gravement à notre santé ! »

Julia Palombe - Netech le Mag 2015 ©E.Mazaré

Julia Palombe – Netech le Mag 2015 ©E.Mazaré

Julia Palombe - Netech le Mag 2015 ©E.Mazaré

Julia Palombe – Netech le Mag 2015 ©E.Mazaré

18h06 – Au magasin d’impression de tee-shirt en bas de chez elle. Elle fait apposer son logo mais aussi I love my vagina, en référence à l’une de ses chansons. « Tout le monde veut aimer le berceau de l’humanité, non ? »

Julia Palombe - Netech le Mag 2015 ©E.Mazaré

Julia Palombe – Netech le Mag 2015 ©E.Mazaré

18h41 – A une terrasse du coin. « J’ai grandi dans le sud et j’ai besoin de l’énergie du soleil, surtout que mes journées sont longues. »

Julia Palombe - Netech le Mag 2015 ©E.Mazaré

Julia Palombe – Netech le Mag 2015 ©E.Mazaré

Julia Palombe - Netech le Mag 2015 ©E.Mazaré

Julia Palombe – Netech le Mag 2015 ©E.Mazaré

19h06 – Retour à la maison pour une pause « détente ». Quand, tout d’un coup, notre photographe n’a pas résisté : plan fétichiste. Sacré Edouard !

Julia Palombe - Netech le Mag 2015 ©E.Mazaré

Julia Palombe – Netech le Mag 2015 ©E.Mazaré

22H22 – Concert au Très Honoré (Paris 1er). Julia chante des reprises devant un public franco-américain très chaleureux. Ce soir, dans l’ambiance groovy et feutrée, les paroles restent sages. Julia se rattrapera au Gibus Café, sa résidence mensuelle. On lui fait confiance !

Julia Palombe - Netech le Mag 2015 - Concert au Très Honoré - ©E.Mazaré

Julia Palombe – Netech le Mag 2015 – Concert au Très Honoré – ©E.Mazaré

 

Julia Palombe - Netech le Mag 2015 - Concert au Très Honoré - ©E.Mazaré

Julia Palombe – Netech le Mag 2015 – Concert au Très Honoré – ©E.Mazaré

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24h au cul de Maitresse Cindy

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Pseudo : Maîtresse Cindy

Métier : domina et résistante artistique

Notre journaliste a collé au cul de Maitresse Cindy toute la journée. Une rencontre surprenante entre fouet, Grèce antique et chaise électrique.

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10h35 – « Qui m’aime et m’a écrit dans la nuit ? »

Depuis dix-sept ans, Cindy exerce dans une ancienne imprimerie aux pierres épaisses, planquée dans un sous-sol du 18ème. Elle se blottit dans son monde, au carrefour des arts, du plaisir et de la pensée. Pas une fenêtre, pas un bruit. Des pièces intimes aux lumières colorées. Une usine à fantasmes. Courtière en art contemporain hier, esprit transversal aujourd’hui, elle endosse d’abord son costume de businesswoman, se plongeant dans ses emails et mesurant son taux de popularité sur les réseaux sociaux.

11h06 – Allô maman bobo

Le téléphone sonne. Un client. « Je reçois sept jours sur sept dans un local équipé, rappelle Cindy. Les horaires dépendent de vos disponibilités… Le latex ? Pas de problème. » Elle attrape son agenda. « Confirmez-moi le matin même, s’il vous plaît. » Expéditive parce qu’elle le connaît.

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A contrario, une première prise de contact demande du temps. « J’ai mon protocole. Je dois déterminer si j’ai affaire à un soumis ou un maso et cerner ses désirs. »

11h41 – Cinquante nuances de Grèce

Avec l’association sm.art, elle organise des rendez-vous environ trois fois par an. En ce moment, elle crée les décors de sa soirée péplum érotique « Cinquante nuances de Grèce ». « Tu ne verras aucune autre domina faire des graffitis dans son donjon ! », plaisante-t-elle avant de dessiner un hiéroglyphe au pastel sur un mur du tombeau égyptien. Le scénario est élaboré en amont. « La table d’élongation sera transformée en sarcophage, une artiste se lancera dans une performance de momification. Les surprises seront nombreuses et le dress code fera place aux beautés antiques. » Ces jeux de rôles accueillent une quarantaine de convives, en priorité des couples, issus de sphères hétéroclites. L’intérêt réside dans l’humain. « On ne veut aucun laissé-pour-compte. Pour les quelques novices, c’est une initiation douce au BDSM, pas un truc hardcore rouge et noir. »

Maîtresse Cindy ©Guilhem Malissen

Maîtresse Cindy ©Guilhem Malissen

12h01 – Centinex

Cheveux longs, lunettes discrètes, Centinex est l’archétype du métalleu-geek. Développeur web, graphiste, monteur, musicien, collectionneur de bornes d’arcade et de flippers, il revendique sa pluralité.

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Maîtresse Cindy – Crédit photo : Guilhem Malissen

Il a rencontré Cindy lors d’un dépannage informatique. Depuis, il est devenu son webmaster et gère les tâches relevant du « virtuel ». Un tandem complémentaire. Ce matin, il conçoit les scénographies qui seront projetées dans le temple grec. Cindy l’interrompt : « Centi, tu es prêt pour la séance photo ? ». Et lui, de répliquer : « Je vous rejoins dans
l’arène. ».

12h18 – Rituel esthétique

Cindy a l’habitude de changer de tenue plusieurs fois par jour. Face au miroir de la salle de bains voûtée, elle plaque ses cheveux en arrière et ajuste le costume de gladiateur sexy qu’elle portera à la soirée « Cinquante nuances de Grèce ».

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12h27 – Entrée dans l’arène

Centinex tient l’appareil photo, Cindy le fouet. Les images produites serviront à teaser l’événement. Il la guide d’une voix calme :

« Les jambes un peu écartées, comme ça… Avec un air sale… Rrrrr, pensez au vilain fauve à dompter ! ».

Elle prend la pose et lui lâche un « Canaille ! » plein de tendresse.

Maîtresse Cindy - Crédit photo : Guilhem Malissen

Maîtresse Cindy – Crédit photo : Guilhem Malissen

14h13 – Sur la corde raide

Maîtresse Cindy - Crédit photo : Guilhem Malissen

Maîtresse Cindy – Crédit photo : Guilhem Malissen

Une musique rock envahit le cœur du donjon. Vêtue d’une robe en dentelle noire et d’un corset violet, Cindy avance une corde à la main. Le bruit de ses talons épouse le rythme. Elle toise son client, lui enfile un sac en toile de jute sur la tête et lui ordonne, suave et ferme : « Mets tes bras derrière la nuque ». Séquence bondage. Elle emprisonne son torse nu, gravitant autour de lui selon une chorégraphie bien étudiée.

« Majoritairement masculine, ma clientèle est très variée. Le BDSM, c’est comme un sport. Tant que le corps et l’esprit sont disponibles pour lui, il n’y a pas de limite d’âge, » explique-t-elle tout en parachevant son travail de dentellière.

 

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14h33 – Petite mort

Chaque séance dure 1h30 minimum et suit un fil conducteur. Cet après-midi, Cindy a imaginé un jeu de piste dans le cimetière de Montmartre. Après s’être recueillie sur la sépulture de Gilbert Lely, le biographe du Marquis de Sade, elle jette son dévolu sur une tombe flétrie par le temps. « Agenouille-toi ! » Elle attache son sujet à la structure rouillée, resserre les liens, lui glisse des mots durs.

Maîtresse Cindy - Crédit photo : Guilhem Malissen

Maîtresse Cindy – Crédit photo : Guilhem Malissen

17h12 – Récréation

Cindy déguste des tartines de miel pour le goûter. « J’élève des abeilles en province, » confie-t-elle entre deux bouchées. Requinquée, la reine se lève – elle n’arrête jamais – et nous présente les pièces maîtresses de son donjon. Elle a fait fabriquer une machine unique en son genre, « La fouetteuse », et une chaise électrique dont elle se sert lors d’interrogatoires ludiques, le voyant lumineux passant du vert au rouge en fonction des réponses. Pour le reste de ses ustensiles, elle se fournit chez les boutiques spécialisées, les antiquaires… et au BHV !

18h05 – Opération finale

 

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Un patient est étendu sur la table chirurgicale. Du haut de ses plateformes blanches, Infirmière Cindy enfile des gants en latex et ouvre sa boîte à outils. Elle s’empare d’une pince à tétons japonaise. L’homme ne bouge pas d’un cil. Elle enclenche la vitesse supérieure. « Je vais lui envoyer des décharges électriques avec cet appareil. L’intensité est modulable. » Des petits éclairs jaillissent.

« Loin d’être glauque, le SM est un exutoire qui permet de lâcher prise et de se fixer des défis. J’en apprends beaucoup sur l’être humain à travers ce métier. Ma démarche est presque sociologique. Mais je suis une praticienne, pas une théoricienne ! »

 

Maîtresse Cindy - Crédit photo : Guilhem Malissen

Maîtresse Cindy – Crédit photo : Guilhem Malissen

Maîtresse Cindy - Crédit photo : Guilhem Malissen

Maîtresse Cindy – Crédit photo : Guilhem Malissen

 

Sur la toile : maitresse-cindy.com / collectif.smart.free.fr

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Portrait : Lahaie d’honneur

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Fantasme légendaire, Brigitte Lahaie a incontestablement marqué l’imaginaire du public français. C’est l’une des premières stars du cinéma pornographique des années 80 et de la libération sexuelle.  Mais aussi et surtout l’une des rares actrices X à avoir réussi une reconversion professionnelle dans les médias. Interview par Léa Simon.  

Brigitte Lahaie - L'Exécutrice de Michel Caputo - © D.R.

Brigitte Lahaie – L’Exécutrice de Michel Caputo – © D.R.

Première apparition dans un porno à l’âge de 21 ans, plus d’une centaine de films à son palmarès en seulement 5 ans de carrière, Brigitte Lahaie a su se positionner comme l’égérie de son époque.

Blonde sulfureuse, elle tournait avec les plus grands réalisateurs du X : Kikoine, Mulot, Leroi, Pallardy…

Loin du studio de RMC où elle anime tous les jours depuis bientôt 15 ans « Lahaie, L’amour et Vous », Brigitte Lahaie nous reçoit chez elle, dans les Yvelines, en pleine nature.

C’est au milieu de ses sept chevaux, « son vrai dada », ses quatre chiens qui font tous la taille d’un poney et de ses deux chats, qu’elle nous raconte les années qui ont marqué sa carrière.

Portrait Brigitte Lahaie 2015 - Crédit : almaphotos - Netech le Mag

Portrait Brigitte Lahaie 2015 – Crédit : almaphotos – Netech le Mag

Portrait Brigitte Lahaie 2015 - Crédit : almaphotos - Netech le Mag

Portrait Brigitte Lahaie 2015 – Crédit : almaphotos – Netech le Mag

Je ne l’ai jamais vue, mais pourtant son nom je le connais très bien. Et pour cause, au moins un de mes copains est passé dans son émission pour raconter qu’il avait trompé sa copine, ou bien qu’il avait des problèmes d’éjaculation précoce. Brigitte écoute, conseille, et tente de résoudre sur cette antenne ouverte aux auditeurs, les problèmes de sexualité, d’amour, de fidélité ou de désir de milliers de français.

Chez elle, pas de photos sexy au mur ni même de sex toys en guise de décoration c’est plutôt dans une grande grange sans chichi que Brigitte nous déballe sa vie.

Dans son bureau, bien évidemment beaucoup de livres en rapport avec la sexualité, mais aussi avec la psychologie et l’astrologie, deux domaines qu’elle affectionne, mais rien de pornographique. Une simple affiche de son émission radio.

« Lahaie est presque devenue une marque aujourd’hui ! »

 

Skate board Brigitte Lahaie - Source  www.gadgetoskate.com

Skate board Brigitte Lahaie – Source www.gadgetoskate.com

Originaire de Tourcoing, à tout juste 20 ans, Brigitte monte à Paris avec sa sœur où elle est vendeuse dans une boutique de chaussures. Ce qu’elle voudrait, c’est être comédienne ou peut-être mannequin, elle ne sait pas vraiment mais ce dont elle est sûre c’est qu’elle a le désir d’être regardée. Alors, elle répond à une annonce qui recherche des jeunes femmes à forte poitrine et elle décroche le casting. Puis on lui propose un premier film où l’on se servira uniquement de son corps et de son sexe. Le soir, le tournage se termine en partouze et Brigitte trouve ça drôle !

A partir de ce moment là, elle enchaîne les tournages et se lance dans le X.

C’est le début des années 80, et elle le dit « je suis arrivée au bon moment », 69 avait bousculé les mœurs et on commençait à parler plus ouvertement de sexe.

Brigitte Lahaie devient très vite la figure féminine emblématique du sexe, celle qu’on invite dans les émissions pour parler « de cul » et non pour débattre du livre qu’elle vient d’écrire ni de la pièce dans laquelle elle est en train de jouer. Frustrant un peu certes, mais elle l’avoue, « Lahaie est presque devenue une marque aujourd’hui ». Un atout mais aussi un inconvénient lourd à porter surtout dans ce domaine là, confie-t-elle.

Brigitte ne croit pas au hasard et selon elle, si elle est arrivée dans le porno,  c’est que c’était sa destinée. En 1976, lorsqu’elle tourne son premier film qu’on ne pouvait visionner que dans des salles obscures, elle avait le sentiment de faire quelque chose d’interdit mais qui l’amusait ! « C’était l’ambiance après 68, tout le monde fumait des pétards et j’avais le sentiment de faire bouger la société bourgeoise française en tournant des films X ».

 

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Heureuse et libre, elle ne se pose aucune question. D’autant plus que l’homme qu’elle côtoie à l’époque n’y voit aucun inconvénient, au contraire. Brigitte prend donc du plaisir à tourner et se moque du qu’en-dira-t-on, elle a même du mal à comprendre ce qu’il y a de scandaleux à faire des films X.

Rien ne la choque dans la sexualité, pas même les soirées SM auxquelles elle a pu assister durant sa carrière.

« J’avais l’impression d’être la chenille qui devient papillon en tournant des films X, je me sentais désirable ».

Pourtant, c’est une jeune fille issue d’une famille de la petite bourgeoisie, assez complexée et introvertie. « J’avais l’impression d’être la chenille qui devient papillon en tournant des films X, je me sentais désirable ».

Elle se souviendra toujours de la réaction de son père lorsqu’elle lui a annoncé qu’elle tournait des films
pornographiques : « Tu as raison de te servir de ton capital ». Il faut dire que lui même collectionnait des curiosas et que sa bibliothèque était remplie de livres érotiques. « C’était un homme très ouvert, c’est même lui qui m’a fait découvrir Georges Bataille ». A l’inverse de sa mère, qui refusait de parler des galipettes de sa fille.

Légèrement provocatrice, Brigitte prend un malin plaisir lorsqu’elle est invitée à des dîners à clamer fièrement sa profession pour installer un malaise. Elle assume ce qu’elle fait et emmerde le monde.  « Quand on est dans des rôles hors norme, on est toujours critiqué, détesté ou envié ».

Il faut dire aussi que le porno des années 80, ressemblait à celui que Monsieur et Madame « tout le monde » pratiquaient dans leur chambre, les femmes n’étaient pas humiliées et la double pénétration n’existait pas encore.

Brigitte garde un excellent souvenir de son travail avec Claude Bernard Aubert, car c’était un vrai metteur en scène où il y avait des histoires originales qui se tenaient. Le porno selon elle, est devenu un simple produit de consommation où il n’y a plus rien d’artistique. « Le sexe est arrivé à bout de souffle, je ne vois pas comment on pourrait aller plus loin aujourd’hui ».

Brigitte a toujours su faire les bons choix. Au bout d’à peine 5 ans, elle décide d’arrêter sa carrière dans le X. Elle sent qu’elle en a fait le tour et qu’il est temps de passer à autre chose.  « Je suis allée jusqu’au bord du précipice mais jamais plus loin pour me protéger ».

Ce n’est pas toujours facile d’avoir des relations sexuelles avec des inconnus, elle s’abîme et va au delà ce dont elle a envie. Elle déteste qu’on la drive ou qu’on lui impose ce qu’elle doit faire, elle tient plus que tout à sa liberté. Avec le recul, elle réalise que tourner des films X ce n’est pas anodin, elle ira même jusqu’à dire que c’est quelque chose d’assez masochiste, et que la reconstruction n’est pas évidente.

Brigitte Lahaie 2015 - Crédit : almaphotos

Brigitte Lahaie 2015 – Crédit : almaphotos

Pendant près de 5 ans c’est la traversée du désert pour Brigitte Lahaie. Une période où le doute est omniprésent mais où elle continue d’y croire car elle est persuadée qu’il y aura un aboutissement. Elle tente d’exister dans un autre domaine mais c’est compliqué. Elle vit des moments d’humiliation où des gens connus refusent de lui dire bonjour. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, elle refuse plusieurs opportunités notamment des émissions de télévision sur la sexualité aux tarifs attractifs mais où elle sait pertinemment que cela la replongera dans son statut de star du X, et ce n’est pas son objectif. En faisant les bons choix et les bons refus, elle se construit progressivement une image solide.

C’est la sortie de son autobiographie « Moi, la Scandaleuse » qui sera la clé de sa future carrière.  Elle enchaîne les émissions de télévision, Apostrophes chez Bernard Pivot, Double Jeu chez Thierry Ardisson et c’est de cette manière qu’elle aborde le grand public et quitte son image sulfureuse.

 

Brigitte Lahaie - Ed. Filipacchi (1987)

Brigitte Lahaie – Ed. Filipacchi (1987)

Depuis 2001, son émission de radio sur RMC cartonne et elle ne s’en lasse pas ! Elle préfère même poser les questions qu’y répondre, c’est son côté psy. A l’antenne, elle est comme un poisson dans l’eau et aime aider ses auditeurs à résoudre sans tabou leurs problèmes de sexualité, d’amour ou de fidélité.

Tous les jours, elle continue d’apprendre des choses et affirme par exemple que « les jeunes d’aujourd’hui ont plus envie de parler d’amour que de sexe ».

« Les jeunes d’aujourd’hui on plus envie de parler d’amour que de sexe ».

Brigitte Lahaie 2015 : Crédit : almaphotos

Brigitte Lahaie 2015 : Crédit : almaphotos

Ce qui l’étonne c’est d’entendre à quel point le désir d’enfants chez les femmes est important car il lui est assez étranger, elle n’a jamais voulu en avoir et pourtant plusieurs hommes de sa vie le lui avaient proposé. Brigitte a été une femme très aimée et son passé ne lui a jamais posé de problèmes dans ses relations amoureuses.

Son rêve aujourd’hui : que rien ne change.

Si le « cul » n’est plus son leitmotiv aujourd’hui, elle est persuadée que le sexe traduit nos forces et nos faiblesses.

Au final, Brigitte se moque de la déco, adore les concours hippiques mais avant, et surtout, sa liberté.

Brigitte Lahaie - Crédit : Almaphotos - Netech le Mag

Brigitte Lahaie – Crédit : Almaphotos – Netech le Mag

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Je bosse pour la plus grosse usine à cul #2

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Suite de l’interview de Pierre, chargé de prod et de diffusion pour la plus grosse usine à cul de France. #part1

Le temps de ?

Le temps de, oui ! Et on a une règle qu’on applique dans tous nos films par rapport à certaines études qu’on a faites : inclure systématiquement une scène porno ou excitante dans les deux premières minutes du film. Tu es obligé de susciter le désir très rapidement; déjà parce que y en a qui ne tiennent absolument pas 10/12 minutes, mais beaucoup moins. Et ensuite parce que sinon les gens vont zapper. Tout simplement.
L’avantage d’un film scénarisé, c’est que tu vas pouvoir le regarder en plusieurs fois, il y a une vraie histoire, une construction, donc les gens regardent ! Les deux premières scènes, puis après les autres, et surtout, tout le monde veut connaître la fin bien sûr ! (Rires)

Mais en général personne ne meurt non ?

Non, tout le monde jouit !

Ça fait quoi d’avoir un métier que la moitié de la terre t’envie ?

Alors déjà j’avais jamais vu les choses sous cet angle, et alors déjà la moitié, je pense que tu exagères !

Il y a toujours une petite lumière qui s’allume quand tu parles de ça, non ?

Ça c’est vrai. C’est drôle en soirée. Quand tu rencontres quelqu’un, et que tu dis ce que tu fais, y a toujours un petit quelque chose qui se passe. Après ça peut-être très sympa comme très très chiant ! Il y a des gens qui ne te lâchent pas. Tu découvres aussi ceux qui sont totalement dans l’hypocrisie. Certains font mine d’être choqués, voire les moralisateurs au début, et finalement à la fin de la soirée, tu te rends compte qu’ils en connaissent beaucoup plus que toi, ils te sortent des noms de films et d’actrices etc… Ça, ça m’est arrivé plusieurs fois !

Mais en général, ça crée un sujet évident de conversation. L’avantage c’est que tout de suite tu parles de ça avec les autres, et tu fais tomber les barrières très rapidement. Ca crée une connexion facile. Les gens se disent que du coup la sexualité est un sujet totalement normal, donc tu parles de sexe avec tout le monde !

Les gens se confient beaucoup, non ? C’est pas un peu relou parfois ?

C’est clair qu’ils se confient très vite. Ça dépend des circonstances, il m’est effectivement arrivé 2 ou 3 fois d’avoir de vrais casse-couilles. Mais souvent c’est plutôt cool, au contraire. Ça peut même être super intéressant. Par exemple quand tu rencontres une nana, c’est un sujet que tu abordes très facilement, et comme c’est primordial dans une relation, tu sais beaucoup de choses très rapidement.

Oui, ça touche à l’intimité absolue !

Oui, mais moi j’aime l’intimité ! (rires)
Ça désacralise le truc. On en parle normalement, tout simplement.

Donc tu es un pornographe heureux ?

Oh oui ! De toute façon, je ne travaillerais pas depuis aussi longtemps dans cette industrie si ce n’était pas le cas. Pour moi, dès le départ, j’ai considéré le porno est un style de cinéma, au même titre que l’horreur, la comédie ou le drame.

Est-ce que tu penses que ta vision du sexe est influencée par ce métier ?

Oui, forcément. Évidemment, j’ai aujourd’hui un rapport qui est autre que celui que j’avais en commençant à travailler là-bas.

Ton expérience la plus traumatisante ?

Un truc m’a un peu choqué, pourtant j’en ai vu, et j’ai pas l’impression d’être facilement “choquable”. On a travaillé à un moment sur du contenu asiatique, et particulièrement japonais. J’ai donc fait du sourcing sur ces films, et tous présentaient très majoritairement un rapport de force très fort qui s’installait directement. Les actrices jouent à faire la “petite fille”; elles ont des corps d’adultes, mais avec des attitudes d’enfants. Pas de lolitas hein, d’enfants ! Elles poussent donc des gémissements de petites filles en détresse, ce à quoi s’ajoute un rapport de soumission à l’autorité très particulier, ça m’a totalement glacé ! Après, il en faut pour tous les goûts, donc on le distribue.

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Et ça marche ?

Ça marche bien, après il y a d’autres choses qui font que cela fonctionne. Il y a certaines actrices asiatiques qui ont des poitrines naturelles énormes par exemple, et comme c’est assez rare sur ce genre de physiques, quand on présente des jaquettes qui mélangent ce côté “innocence”, tu peux difficilement leur donner un âge par exemple, avec un corps à fantasmes, ça se vend très bien effectivement.

Expérience la plus cool ?

Chaque année tu as des salons à l’étranger, tu bosses beaucoup la journée, mais le soir tu sors avec des gens à qui tu es susceptible de vendre des choses.

Comme dans tous les salons en fait ?

Oui, sauf que là tu as un côté très cool car tu es à l’étranger, tu te balades, tu rencontres toutes les actrices et acteurs du moment, ça crée une forte émulation. Tout le monde est désinhibé. Ça peut donner lieu à des soirées très drôles, en plus en travaillant dans ce business, ça te donne accès à des lieux particuliers, que tu ne pourrais pas forcément fréquenter en faisant un autre métier.
J’ai un souvenir particulièrement ému de Berlin, ville extraordinaire pour faire la fête, où les gens sont très ouverts d’esprit de manière générale. J’étais au Kit Kat Club (cf notre article Love Trotter à Berlin). Toute la journée, on est tous en costard. Comme on sortait direct du salon, on arrive avec ma collègue, tous les deux sapés assez classe. Le mec de l’entrée lui demande de se mettre en sous-vêtement, moi je suis un des rares à avoir échappé à la “punition”. A l’intérieur, tu rencontres donc plein de gens que tu as vu toute la sainte journée en costard, sauf que là, les mecs ne sont plus du tout en costard !
Je me suis retrouvé au bar avec un mec que je connaissais, il était en combi-résille avec service 3 pièces à dispo, et nous avons devisé tranquillement, comme si de rien n’était !

Et enfin, ton conseil si on veut travailler dans le milieu ?

Il semble évident qu’il faut être un minimum ouvert (d’esprit ! NDLR) !

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Je bosse pour la plus grosse usine à cul #1

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Pierre a 35 ans, il travaille depuis 10 ans pour la plus grosse usine à cul de France (coucou Marc) en tant que responsable de production et d’achat de contenus. Comme à chaque fois qu’il dit ce qu’il fait à des inconnus, ça excite immanquablement leur curiosité, on a décidé de l’interviewer pour qu’il nous raconte un peu le derrière du décor. 

Comment devient-on acheteur de contenu pour la plus grosse usine à cul de France ?

Tout simplement par une annonce en ligne. J’avais 25 ans, je travaillais déjà dans le milieu du cinéma, et ils cherchaient un responsable post-production. Là, c’est l’aspect technique qui m’a intéressé, mais je connaissais déjà bien évidemment le monsieur et ses productions.

Comment s’est passé l’entretien d’embauche ?

J’avoue, j’étais un peu impressionné quand même ! D’autant plus que c’est Dolly Golden, ancienne hardeuse star à l’époque, qui m’a ouvert la porte. Je la “connaissais” bien, donc ça m’a fait marrer de tomber sur elle. Disons que ça m’a mis direct en condition. Mais après, l’entretien en lui-même s’est déroulé de manière tout à fait classique.

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Dolly Golden

Etais-tu en couple au moment où tu as trouvé ce job ?

Non, mais j’ai rencontré ma copine de l’époque 3 semaines après avoir été embauché.

Est-ce que ça a été délicat par rapport à elle ?

Pas du tout. En général, j’ai des réactions plutôt positives. C’est un sujet fun, et on a plus tendance à en rire qu’autre chose finalement.

Décris-moi une journée type ?

C’est très simple, j’arrive, j’enlève mes vêtements, ensuite je me fais sucer aux alentours de 10h. (Rires) Non évidemment, JE PLAISANTE !
Je parlerais plutôt d’une semaine type. A l’année nous avons un certains nombre de productions à faire, il y a un planning de sortie avec, entre autres, 2 films phares labellisés MD par mois. Il faut donc prévoir en amont les thématiques à aborder, le casting à envisager. A partir de là, tu travailles sur les scénarios, les atmosphères etc…

Comment on travaille sur les thématiques dans l’univers du cul ?

Il y a des classiques qui reviennent toujours ! T’as les grands blockbusters, avec les thématiques fantasmes classiques comme l’infirmière, la secrétaire et la femme de chambre…

… Mais la soubrette fonctionne encore en 2015 ??

Ahh la soubrette, c’est une valeur sûre ! Il y a des choses comme ça, qui restent immuables ! Après tu as l’avocate qui fait une belle percée. La femme d’affaires de manière générale commence à être dans le top five des métiers à fantasme.

Pour revenir à l’organisation de mon job, pour ces deux grosses productions, tu dois décider du réalisateur à faire tourner, de l’actrice, de l’acteur, du type de décor à mettre en place par exemple.
A côté de ces deux prod mensuelles, il y a toutes les mini productions qui gravitent autour et qui permettent d’alimenter et de rassasier le désir de nos clients !
Pour se faire, tu vas aller dans des thématiques beaucoup plus vastes. On va taper dans l’amateur ou les parodies par exemple. Les parodies, ça marche très fort mine de rien ! Tu récupères les Experts, et tu fais les Sexperts.
Ensuite tu as l’aspect distribution. Comme je travaille dans une boîte qui a un impact mondial, on récupère à l’étranger les prod qui nous intéressent pour les distribuer en France.
Il y a un vrai travail de sourcing pour chercher ce qui se fait de nouveau. Trouver de nouveaux studios, voir quelles sont leurs atmosphères, leurs styles, mais aussi la diversité des pratiques. Et oui, parce que de l’anal tout le temps par exemple, bah c’est chiant (Rires) !

Une bonne partie de ton boulot consiste donc à regarder des films de cul tout le temps alors ?

Pas en entier, mais oui quand même !

Quels sont tes critères de sélection pour les films ? La lumière ?

L'équipe Dorcel en plein tournage ©Marc Dorcel

L’équipe Dorcel en plein tournage ©Marc Dorcel

Bien sûr ! (Rires)
Blague mise à part, l’esthétique compte évidemment. Il peut y avoir des scènes très travaillées, avec un côté classe, chic. Il y a un vrai public pour les choses chiadées. Après tu peux aussi avoir de l’amateur, parce qu’il en faut pour tous les goûts. Finalement, pour moi c’est comme dans le cinéma tradi, tu as les gens qui vont voir les films d’auteurs mais qui parfois sont tout à fait ok pour se faire un bon blockbuster bien dégueulasse. Histoire de laisser son cerveau à la maison. Là c’est pareil !
Les critères ça va être aussi, l’actrice ou l’acteur du moment, il faut voir qui est à la mode.
Il y a des sites aux US où on trouve des tops 10 quotidiens, ce sont de vrais baromètres de tendances. Je checke aussi les blogs, pour voir ce qui se fait ou va se faire et pour être les 1ers sur le coup.

Est-ce quand on bosse dans le porno, c’est “no zob in job” ?

Comme dans toutes sociétés, tu passes beaucoup de temps au travail, et donc dans ce cadre-là, des rencontres peuvent se faire….

Est-ce que tu regardes du porno pour te faire plaisir ou tu ne parles pas travail à la maison ?

Bien sûr que je regarde du porno pour me faire plaisir ! Au contraire ça élargit mon champ de découverte. Cela dit, je tiens à préciser que je ne suis pas constamment au contact des scènes porno, contrairement aux retoucheurs ou aux monteurs. Je pense par exemple à un monteur que je connais, qui est hétéro, on lui a fait monter pas mal de bandes annonces gay à une période, et ça l’a bloqué. Il m’a raconté que ça l’avait complétement dégouté et que pendant un temps il avait rien pu faire avec sa nana à cause de ça.
Si j’avais tout le temps les images sous les yeux, comme c’est quelque chose d’assez agressif au final, je pense que ça m’aurait perturbé. Là, avec le poste que j’occupe, je n’ai pas ce problème du tout.
Donc je consomme autant qu’avant voire plus, mais surtout je consomme mieux !

Est-ce que du coup tu flippes ou tu trouves ça hyper rebelle une chatte à poils ?

Alors, c’est une question de goût, mais perso, les poils c’est pas trop ma came. Bien que j’éprouve une vraie nostalgie pour le porno des années 70/80, il y avait de vrais scénarios, c’était tourné en 35 mm, avec une vraie préparation, une équipe technique etc… Ca se rapprochait beaucoup du cinéma traditionnel. Aujourd’hui avec les moyens à disposition versus la demande, il est impossible de travailler comme ça. Une grosse prod pour nous, c’est 5 jours de tournage grand grand maximum. En cinq jours tu ne fais même pas un court métrage “tradi”, nous on fait 90 à 120 min de film. C’est aussi pour ça que le porno est victime de ses propres clichés, c’est par économie d’échelle !

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Mais du coup les gens regardent un porno en entier pendant 90 min ?

Il y en a très peu. En majorité c’est 10/12 minutes…

Le temps de ?

Le temps de, oui ! Et on a une règle… Suite de l’itw #Part2

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The Couple : Isa et Hugo #2

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Suite de l’interview The Couple, à chaque numéro du mag, un couple Netech se prête au jeu du portrait croisé sans connaître les réponses de l’autre.

Cette fois-ci, c’est Hugo qui répond sans fard !

Comment avez vous découvert le libertinage ?

Sur le site internet belge rendez-vous.be en 1999 (pas celui de maintenant).

Où, quand, comment vous êtes-vous rencontrés ?

1995 : une amie commune avait prédit notre union, elle me l’avait présentée, et depuis cette première rencontre nous ne nous sommes jamais quittés.

Qu’est ce qui vous a séduit chez elle?

Une vraie blonde, intelligente, réceptive et extrêmement portée sur le sexe.

Quel est le plus beau cadeau qu’elle vous ait fait ?

Sa présence à mes côtés tous les jours.

Netech le Mag - © Serge Leonardi

Netech le Mag – © Serge Leonardi

Qu’est ce qui vous excite le plus chez elle ?

Sa blondeur, sa silhouette, ses longues jambes, ses orgasmes multiples lors de nos rapports et son audace ne pas reculer devant mes fantasmes.

Quelle est sa spécialité ?

Exclusivement la fellation. Avec le temps, moi, je suis arrivé à me contrôler mais en 15 ans de libertinage, jamais un partenaire n’a résisté dans sa bouche.

Vos pratiques et envies sexuelles ont elles évolué depuis votre rencontre ?

En 2000, moi employé en établissement de luxe, elle secrétaire en grande compagnie internationale de banque, installés à Bruxelles à 2 pas des hauts lieux de la fête. Nous avons tout de suite compris qu’on avait un grand potentiel séducteur et sexuel. Nous avions eu des aventures entre collègues de travail chacun de notre côté jusqu’au jour où on se l’est avoué. Le libertinage était la seule issue pour nous de rester unis et jouir de notre complicité et canaliser notre hyperactivité sexuelle et de ne pas sombrer dans l’adultère, le mensonge, la trahison.

Netech le Mag ©Serge Leonardi

Netech le Mag ©Serge Leonardi

Votre plus belle expérience sur Netech ?

J’en retiens deux particulièrement. La première : 2004, à peine installés sur Toulon, nous avions donné rendez-vous à un joli couple dans un club. Une belle rencontre. Une semaine plus tard Isa avait un rendez-vous chez sa nouvelle gynéco et en poussant la porte du cabinet, on s’est trouvés nez à nez avec la secrétaire qui n’était autre que la femme du couple rencontré en club ! Un fou rire nous avait pris tous les trois. Les patientes se demandaient ce qu’il nous arrivait. Une amitié s’en est suivie. La deuxième : en 2012 à Nantes. Nous avions rendez-vous chez un beau couple rencontré sur Netech avec une passion commune : les voitures de collection. Un vrai coup de coeur pour la miss au point que je découvre que je pouvais jouir deux fois de suite jusqu’à trembler sans arrêt. Merci Clémentine pour ce moment inoubliable.

Qu’est-ce que vous apporte le libertinage ?

Cet amour de l’autre qui se perd sous le poids de l’individualisme de la société d’aujourd’hui. Artiste plasticien, le libertinage me nourrit plus qu’autre chose, il oriente même ma sensibilité voire, il lui donne de la profondeur.

Qu’est-ce que vous aimez le plus dans le libertinage ?

Depuis l’été dernier (notre  première fois au Cap) le libertinage a pris une nouvelle dimension encore plus fantastique qu’avant, puisqu’on s’est rendus compte qu’en étant installés non loin du village naturiste on avait cette incroyable chance de pouvoir rencontrer des gens du monde entier. Au Cap dernier, nous avions rencontré et coquiné avec des couples de 10 pays différents ! Etats-Unis, Australie, Îles-Fidji, Philippines, Thaïlande, Italie, Pays-Bas, Belgique, Allemagne et Liban. Cette année déjà : Grande-Bretagne, Allemagne, Argentine, Canada… La liste est ouverte et ça n’est que le début de la saison ! C’est drôlement excitant de faire l’amour avec des gens qui parlent une autre langue, qui ont un timbre de voix différent, des gémissements autres que les nôtres, des expressions de jouissance différentes, un physique différent. C’est devenu notre nouvel enjeu quand on part en soirée au village, on a toujours cette petite idée derrière la tête : «Quel pays ce soir ? »

C’est quoi pour vous être libertin ?

Retrouver cet idéal de fraternité entre les humains. S’aimer en toute liberté et sans contrainte.

Des projets ?

Exposition au musée régional d’art contemporain du Languedoc-Roussillon.

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Christel le Coq : Lisez, vibrez ! #2

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2ème partie de l’interview de Christel Le Coq, créatrice de B.Sensory, 1ère appli de livres érotiques connectés à un sextoy via Bluetooth. 

(lire la Part#1)

– Et la jeune génération ?

Bercée par YouPorn, elle est plus ouverte. Pour elle, le sextoy est démocratisé. On ne l’utilise pas forcément, mais on le voit comme un outil permettant de pimenter ou d’augmenter sa sexualité. On ne l’associe pas à une pratique par défaut, réservée aux personnes seules ou désespérées. Par ailleurs, les jeunes sont souvent confrontés aux relations à distance et habitués aux sextos, à l’envoi de photos coquines, aux applications comme Snapchat et aux relations sexuelles via Skype… Le système B.Sensory s’inscrit dans la même logique.

– Mais alors, la libération sexuelle a-t-elle vraiment eu lieu ?

Oui, puisqu’à un moment, on a pu dissocier le sexe de la procréation. On remarque en outre une évolution dans les pratiques. Par exemple, la sodomie qui était tabou est devenue commune. Néanmoins, sur le plan du plaisir féminin, il y a encore du chemin à parcourir. La révolution intime est tout juste en marche. Dans notre éducation, on banalise voire on valorise la masturbation masculine. Au cinéma, ça nous fait marrer de voir des ados se tripoter en se servant de magazines sexy. À l’inverse, il n’est pas rare de réprimander les petites filles : « Ne te touche pas, ça ne se fait pas, c’est sale », ce qui laisse des blocages. Je rencontre beaucoup de femmes qui n’avouent pas qu’elles se masturbent et connaissent mal leur corps donc prennent moins de plaisir. D’autres subissent leur sexualité. Elles acceptent des choses qui ne leur plaisent pas, de peur que leurs mecs se tirent et aillent voir ailleurs. Avec B.Sensory, nous nous intéressons aux mécanismes complexes du désir et nous voulons encourager la masturbation féminine, qui est aussi essentielle et épanouissante que le sexe à deux.

source Flickr

source Flickr

– Qu’est-ce que la littérature a de plus que la vidéo érotique ?

Elle favorise le fantasme car elle ne colle pas d’image. L’excitation se construit dans la projection. C’est plus doux et plus libre que les vidéos de YouPorn qui tuent l’imaginaire. La réalité ne ressemble pas forcément au porno, ce dont les plus jeunes n’ont pas toujours conscience. Dans le processus d’éducation, il est important d’offrir une vision alternative. Les ados doivent apprendre à fixer leurs limites et à dire non. Ce n’est pas normal qu’à 15 ans, certains croient que la fin classique d’un rapport sexuel est une éjaculation faciale. Beaucoup de filles se conforment à ce qu’elles perçoivent comme la norme sans écouter leur désir. C’est un peu effrayant. Pourtant, je ne tape pas sur le X, je ne veux pas le diaboliser ; il y a des films très excitants. Il faut juste ne pas en faire l’unique référent et mettre en avant le « J’ai envie de ».

– Vous avez lancé une campagne de financement participatif qui devait vous aider, mais l’objectif de 20 000 euros n’a pas été atteint.

Nous l’expliquons par différents paramètres. D’abord, nous n’avions pas le droit de faire de la publicité sur Twitter et Facebook. On n’a pas pu y diffuser non plus notre vidéo promotionnelle. Mes amis qui aimaient le projet n’ont pas relayé le lien. Et puis en France, même si on en parle, les gens ne sont pas familiarisés avec le crowdfunding. Ils ont compris le mécanisme, mais restent assez méfiants. On n’est pas dans la culture du risque… La campagne s’est arrêtée au moment où nous commencions à avoir des articles aux États-Unis, au Canada et en Australie. C’est mon grand regret. Avec quelques semaines de plus et d’autres papiers visant un public anglo-saxon, nous aurions peut-être réussi. Malgré cet échec financier, le bilan est positif. Cette campagne nous a apporté de la visibilité, de nouveaux auteurs, éditeurs et investisseurs. Et j’en ai conclu que la survie du projet dépendrait de ma capacité à l’internationaliser. Il me paraît en effet impossible de démarrer sur le marché français.

– L’avenir du sexe passera-t-il par le virtuel ?

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On ne peut pas opposer les livres papier et les livres numériques car ils n’impliquent pas les mêmes usages. C’est pareil pour le sexe réel et le sexe virtuel. On va juste avoir plus de possibilités. Demain, il y aura des vêtements connectés, des sextoys dotés d’intelligence artificielle, et l’Oculus Rift nous entraînera dans des univers parallèles remplis d’hologrammes. Ces objets érotiques et ludiques nous feront découvrir de nouvelles sensations, mais ne remplaceront jamais deux corps qui font l’amour. (Lire la 1ère partie de l’itw de Christel Le Coq)

Par Lula

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Christel le Coq : Lisez, vibrez ! #1

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Christel Le Cocq par Olivier Ezratty

Christel Le Cocq par Olivier Ezratty

 

 Amoureuse des mots et des nouvelles technologies, Christel Le Coq est la co-fondatrice de B.Sensory, une start-up qui explore le nouveau monde des livres  érotico-numérique. Entourée d’une équipe mixte et motivée, elle développe la première application de lectures coquines connectées. Disponible sur smartphone ou  tablette, celle-ci est reliée via Bluetooth au Little Bird, un sextoy utilisable en solo ou en duo. Une belle promesse de vibrations pour les amatrices de prose.

 

– Quelle est l’origine de B.Sensory ?

En 2008, j’ai atterri dans le milieu des start-ups. C’était une période intéressante car l’iPhone arrivait sur le marché et l’on commençait à parler Internet mobile, applications et géolocalisation. J’ai alors croisé la route d’une jeune startupeuse qui s’interrogeait sur la création de livres hybrides mêlant divers médias et technologies. Dans ce cadre, j’ai publié Samedi soir, dimanche matin, une BD coquine qui racontait l’histoire de personnes se rencontrant en boîte de nuit et finissant ensemble. J’y ai inséré des QR codes qui donnaient accès à des séquences animées, nous plongeant dans la tête des protagonistes. J’étais déjà convaincue que c’est dans l’érotisme que l’on teste d’abord les nouvelles technologies, avant de les adapter pour le grand public. Et puis, on était en plein succès de Fifty Shades of Grey, tout ce que je déteste en termes de littérature, mais un bestseller qui a quand même décomplexé des millions de femmes. Certains reprochaient aussi au virtuel la perte du toucher et de l’odeur du papier. Je me suis demandé : que peut-on recréer comme sensations avec le dématérialisé ? C’est ainsi qu’est né le concept de lecture numérique sensorielle. Il était évident pour moi de commencer par la littérature érotique, parce que c’est elle qui procure le plus de sensations physiques. Enfin, il me paraissait fascinant d’imaginer un système permettant de prendre du plaisir autrement.

– En quoi ce système est-il moderne ?

B.Sensory associe le pouvoir érotique des mots à celui des outils connectés. La première utilisation repose sur le concept du « lisez, vibrez ». On télécharge un bouquin sur l’application et l’on décide de le lire en mode classique ou vibrant. Dans ce cas, certains passages du texte définis par l’auteur sont mis en relief : des lettres sont floutées, dans le désordre ou cachées par un dessin. Il faut alors souffler sur l’écran, secouer le smartphone pour remettre les lettres en ordre ou enlever le motif d’un geste de la main pour déclencher les vibrations. Mais rien n’est jamais imposé. La lectrice peut prendre les commandes à tout moment, pour prolonger les sensations ou les arrêter. Pour l’instant, on est sur des formats courts, 15 à 25 minutes de temps de lecture. Il y a également la dimension des jeux à deux. Je peux inviter mon partenaire dans l’application afin qu’il me titille à distance, ou bien il peut m’envoyer des messages en y ajoutant des vibrations. Sur le long terme, nous envisageons d’autres options, comme la personnalisation des scénarios. Nous souhaitons démontrer tout ce qu’il est possible de faire avec B.Sensory et aimerions nous associer à un professionnel du sextoy tel que Fun Factory, qui est dans une course constante à l’innovation.

Pochoir Miss Tic

Pochoir Miss Tic

– Où en êtes-vous dans le planning ?

On a encore du boulot ! On a sorti un premier modèle qu’on a fait essayer. Il marche, mais on a de nombreuses contraintes techniques. Le corps étant rempli d’eau, mettre un module Bluetooth au sein d’un sextoy qui est totalement inséré, altère la communication. Voilà qui explique la forme du Little Bird, dont nous sommes en train d’améliorer l’antenne et le design. La prochaine étape, c’est de produire de nouveaux prototypes et de les confier à des bêta testeuses. En parallèle, nous développons l’application, nous récupérons les contenus auprès des éditeurs partenaires, dont Livrior, La Musardine, J’ai Lu, Les Éditions Blanche et Les Éditions 38, et nous faisons travailler des auteurs sur des textes originaux.

– Vous adressez-vous à un public 100% féminin ?

Il y a plus de femmes que d’hommes qui lisent des textes érotiques. Le Little Bird leur est dédié. Cela dit, je pense que la France est un pays coincé. Un tas de filles n’osent pas acheter de sextoy et attendent qu’on leur offre. Comme nous allons sortir B.Sensory fin 2015 ou début 2016, j’espère que ce sera un cadeau de Saint-Valentin. L’achat sera donc masculin et la consommation des contenus, féminine.

« Certains hommes m’ont insultée sur Twitter, affirmant que j’étais une mal baisée ou une chaudasse »

– Votre démarche est-elle féministe ?

À la base, non, mais j’ai pris des claques et des remarques à la con. Certains hommes m’ont insultée sur Twitter, affirmant que j’étais une mal baisée ou une chaudasse. J’ai rencontré un banquier qui m’a balancé : « On ne vous aidera jamais car votre projet n’est pas éthique ». J’ai été confrontée à une majorité de quinquagénaires qui voient encore le sextoy comme un concurrent et ne conçoivent pas que leurs femmes se masturbent en leur absence. À la demande de financeurs publics, j’ai dû bidonner des dossiers de subventions parce que mentionner le mot « sextoy » n’était pas politiquement correct. Et des femmes m’ont dit que j’avais du courage, que ma démarche était « couillue »… Quand je me suis lancée dans l’aventure B.Sensory, je me doutais que le projet pourrait faire tiquer, mais pas qu’en 2015, à l’heure où l’on trouve des petits sextoys à côté des préservatifs dans les supermarchés, mon concept, pourtant assez soft, poserait autant de problèmes. J’ai pris conscience que l’on n’était pas aussi libres que ce que l’on pensait. Dans les magazines, on parle de sexe de façon crue et décomplexée, mais ce n’est que la vitrine. Notre société andro-centrée fait du plaisir féminin une question extrêmement politique. Pour beaucoup d’hommes, c’est le dernier terrain où l’on ne peut pas exister sans eux.

– Et la jeune génération ?

Bercée par YouPorn, elle est plus ouverte. Pour elle, le sextoy est démocratisé….(2ème partie de l’itw de Christel Le Coq)

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The Couple : Isa et Hugo #1

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A chaque numéro du mag, un couple Netech se prête au jeu de l’interview croisée, sans connaître les réponses de l’autre (sinon c’est pas drôle hein).

Première partie de l’interview, Isa se dévoile !

Pseudo Netech : Lovli

ISA 

Quel est votre pseudo sur Netech ?

Lovli mais j’en ai eu d’autres, j’aime bien changer.

Comment avez vous découvert le libertinage ?

Nous avons toujours été très actifs sexuellement. En 2000, en Belgique, c’était une petite surprise de mon homme qui m’a organisé un trio, l’idée était très excitante mais j’étais encore un peu timide. Faire l’amour avec d’autres personnes je n’y avais jamais vraiment sérieusement pensé, mais cette possibilité m’a beaucoup plu.

Netech le Mag ©Serge Leonardi

Netech le Mag ©Serge Leonardi

Où, quand, comment vous êtes-vous rencontrés ?

C’est une amie commune qui nous a présentés en 1995, lors d’une soirée étudiante. Elle trouvait que tous les deux on pensait les choses de la même façon, elle a eu raison, c’était une évidence.

Qu’est-ce-qui vous a séduit chez lui ?

Ses mains viriles, son sourire franc et son honnêteté. Je ne m’attends jamais à quelque chose de désagréable venant de sa part, nous sommes très complices.

Quel est le plus beau cadeau qu’il vous ait fait ?

Hors les présents et les voyages que je ne compte plus, le fait qu’il me laisse assouvir mon désir de reproduction. J’avais ce besoin, animal, il ne s’y est pas opposé. Durant de longues périodes il a su se mettre entre parenthèses, grâce à lui je me sens pleinement femme.

Qu’est ce qui vous excite le plus chez lui ?

Son corps, je suis très tactile, l’odeur de sa peau et j’avoue, son sexe est un délice, il est toujours bien érigé pour qui sait s’y prendre.

Netech le Mag ©Serge Leonardi

Netech le Mag ©Serge Leonardi

Quelle est sa spécialité ?

Il me fait jouir sans fin et il n’est jamais fatigué. Je me rappelle une fois on a fait l’amour 9 heures durant. Le genre de mec qui n’a besoin que de 10 secondes pour me faire « fontaine » même en public, j’adore sa maîtrise de la femme.

Vos pratiques et envies sexuelles ont elles évolué depuis votre rencontre ?

Oui, bien sûr. On ne jurait que par la fidélité à notre rencontre. On a toujours beaucoup fait l’amour, puis les années passant il a fallu se renouveler pour entretenir la flamme, d’abord en fantasmant des situations puis en essayant de les vivre. Nous sommes rassasiés l’un avec l’autre, nous ne sommes pas en train de chercher ailleurs quelque chose qui nous manquerait, c’est juste qu’on aime découvrir d’autres personnes et jouer. Jouer sans fin.

Votre plus belle expérience sur Netech ?

C’est une invitation, en pleine nuit, à se joindre deux couples qui faisaient une cam… C’était délire, ils ne se prenaient pas au sérieux, on a dansé, les miss étaient délicieuses, fous rires, ambiance cool… Évidemment, on a fait l’amour jusqu’au petit matin comme si le temps était suspendu.

Qu’est-ce que vous apporte le libertinage ?

Plaire aux hommes, le savoir et le consommer m’apporte beaucoup d’assurance, de confort et l’envie de rester jeune… Libertiner dans notre esprit me permet aussi d’éliminer définitivement tout risque de trahison, tromperie et malheur de séparation

Qu’est-ce que vous aimez le plus dans le libertinage ?

Le petit matin après une nuit blanche à partager nos corps et nos envies avec d’autres partenaires sincères, c’est waouh ! C’est grisant que la vie soit aussi belle… Bref, j’en redemande !

C’est quoi pour vous être libertine ?

Le droit de faire l’amour avec toute femme ou homme qui me plaît, avec le consentement voire les encouragements de celui que j’aime, jusqu’à s’en étourdir. Je savoure l’acte cérébralement et physiquement. Il m’arrive souvent d’évoquer nos plus belles soirées lors de mes ébats avec Hugo, une façon de les revivre à nouveau. Notre installation près du Cap d’Agde n’était pas innocente. Cette ambiance unique au monde, les rencontres avec des gens du monde entier, c’est maintenant indissociable de mon mode de vie, c’est moi, sans toutes les obligations et restrictions du quotidien, c’est ma liberté… C’est du bonheur, s’en est presque gênant tellement c’est bon.

Des projets

Une grande envie de répondre à deux invitations pour un séjour à Miami chez deux couples rencontrés au Cap l’un américain, l’autre argentin tous deux installés là bas.

Lire la suite de l’interview avec les réponses d’Hugo…

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Portrait : Richard Fhal

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Richard Phall ? Mais non Fhal ! Au début, j’ai eu du mal à retenir l’orthographe. Est-ce mon inconscient qui a parlé ? Richard Fhal fait partie de la culture érotique française à n’en pas douter.

Distributeur de « bites en plastique », comme il le dit lui-même, propriétaire de trois magasins à Paris, une vingtaine de sous-traitants chinois et enfin producteur et diffuseur de DVD porno, 17 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, une centaine d’employés, tout ça à l’effigie du fruit défendu.

Richard Fhal nous reçoit chez lui, sur la Marne, à bord d’un yacht de 22 mètres qu’il a fait construire. Dans la grisaille de Joinville-le-Pont, l’accueil chaleureux détonne. Voix suave, tutoiement facile, une certaine malice dans le regard et ce petit côté féminin assumé qui rend les hommes si charmants. On ne saurait lui refuser sa confiance. L’homme d’affaires nous fait visiter sa chambre et une autre pour les amis. La déco est sobre. Pas de jacuzzi de diamants en forme d’escarpin mais une belle salle de bain décorée avec goût.

“J’ai 70 balais l’année prochaine !”

Richard Fahl – Crédit photo : E. Mazaré

Richard Fahl – Crédit photo : E. Mazaré

La vache ! Les emmerdes, ça conserve. On est loin du botox de son célèbre homologue d’outre-Atlantique, Larry Flynt. La vie du sulfureux patron d’Hustler, poids lourd de la presse de charme et des boîtes à strip-tease, a été portée à l’écran en 1996 par Milos Forman. Continuons à imaginer un film sur Richard Fhal façon Hollywood. Nous voilà dans le salon tout en boiserie, tapis kitsch « peau de zèbre, peau de z..». Le film commencerait ainsi : « When I was young … Je viens d’un milieu modeste, mes parents d’origine juive étaient marchands des quatre saisons à Alger. Ma mère, alsacienne, est une ancienne déportée.»

Alger, c’est donc là que naît le petit Richard en 1946. De là, il a gardé « la culture du couscous et de la fête ». Très vite, la famille débarque à Paris dans le Marais, à l’époque quartier pauvre. A l’école, des enseignants antisémites refusent de lui apprendre à lire et écrire en lui ordonnant de dormir au fond de la classe. Cette mise à l’écart le marquera à vie. La marginalité, il va désormais en faire une force, même s’il avoue qu’ « il a encore du mal à assumer ». Le jeune Richard quitte l’école à 13 ans. Il devient manutentionnaire, apprenti modéliste puis il vend de la fripe à son compte. Le garçon milite pour l’avortement et la pilule au côté des féministes : « J’aime les femmes, que voulez-vous… » Il s’adonne aussi à la passion de sa vie, la chanson et la guitare : « je me prenais pour Johnny Hallyday, je me croyais meilleur que lui (rires). »

‘‘J’aurais voulu être un artiste’’

Richard Fahl – Crédit photo : E. Mazaré

Richard Fahl – Crédit photo : E. Mazaré

N’empêche que c’est en faisant son numéro auprès d’une standardiste que Richard, 20 ans, démarra sa fulgurante ascension. Quelques heures avant, le jeune homme avait remarqué, intrigué, devant le drugstore des Champs-Elysées, une queue énorme pour un mystérieux livre sous cellophane : Positions.

Fauché, il en pique un et découvre un Kamasutra en photo, trente-deux positions amoureuses « mais c’était du mime, on ne voyait rien, le mec et la nana portaient des collants ». Nous sommes en 1969, année érotique. Gainsbourg chante Je t’aime… moi non plus. La France a soif de sexe. L’après-midi, Richard attend un
rendez-vous avec un musicien à l’accueil de France Dimanche. On en revient à la fille en question. Richard et elle se marrent et se séduisent. La miss lui propose de passer une petite annonce gratuitement dans le journal.

Richard rédige : « Pour cinquante francs, je vous enverrai le livre Positions Sexuelles ». Son œil de garnement pétille : « j’avais juste rajouté le mot clé “sexuelles”. Je ne m’y attendais pas, j’ai reçu trois gros sacs postaux ! ». Richard dévalise la librairie et s’offre vingt francs de marge. Il tentera de négocier davantage avec la maison d’édition, sans succès. Qu’à cela ne tienne, le petit malin finira par convaincre un couple de poser. Pas de sexe, pas de poil, pas de sein, mais… pas de collant. Trente-deux photos noir et blanc. « Mon premier livre : Positions Suédoises. » Fhal fonde les éditions Concorde alors que l’ouvrage d’origine est édité par… Marie Concorde Edition.

L’homme passera sa vie à flirter avec la loi et la morale, sans jamais être condamné à de la prison ferme : « il fallait aller un tout petit peu plus loin que la limite. » Alors que montrer sexe et système pileux est un délit, lors d’une convocation, les inspecteurs examinent à la loupe la présence de poils. Richard se défend : « mais non, ce sont des défauts d’imprimerie, des pétouilles ! ». Autre exemple plus tard, alors que l’acte sexuel est encore censuré : Richard déballe tous les organes juste avant la pénétration, dans le feu de l’action.

Le jeu l’excite : « ce qui était amusant, c’était de se battre et d’obtenir gain de cause. »

Richard Fahl – Crédit photo : E. Mazaré

Richard Fahl – Crédit photo : E. Mazaré

A force d’être convoqué à la Mondaine, Richard Fhal fait partie intégrante de l’histoire de la brigade entre les perquisitions matinales et les nuits interminables en cellule de dix mètres carrés dans le moyenâgeux dépôt du Palais de Justice.

Après la littérature érotique et les romans-photos, les premiers films X pénètrent les foyers grâce au rétroprojecteur, d’abord en 8 millimètres, puis en Super 8 noir et blanc, muet, et enfin en couleur et parlant. A la fin des années 80, l’attirail sera remplacé par le magnétoscope et la vidéo.

« Au début j’écrivais les scénarii. Maintenant, le public ne veut que du sexe. Je ne fais que répondre à l’air du temps. Je commande 3 gang-bangs, 2 scènes lesbiennes, 2 gays et aussi des filles avec des poils. La niche “hairy” est devenue l’une des plus grosses alors que les  “teens”, les lolitas totalement épilées, sont passées de mode. Des réalisateurs mettent ça en boîte et voilà. »

Non, Richard Fhal ne regarde pas ses films. Il l’assure, le cul l’excite moins que la transgression : « je me suis marié à 19 ans, j’étais un gamin loin du sexe et de la drogue, de toutes ces conneries là. Quand j’ai divorcé, les nanas s’imaginaient que je connaissais des tas de trucs. Du coup, elles étaient déçues ». Les boîtes à partouze ? « J’y étais invité tout le temps. J’ai essayé, ça ne m’a pas spécialement branché. Je suis un sentimental. J’ai besoin de sentir que la fille est amoureuse. »

Et puis, en avion (son Cessna), voiture, auto et moto, il faut suivre le bonhomme qui vit au rythme des procès. Mais jamais, il n’a eu de lien avec la mafia, « le milieu était très surveillé. » Néanmoins, son casier judiciaire peut effrayer. Dans les années 90, pour vendre des lubrifiants, il exploite l’image des ex-stars du X, Brigitte Lahaie et Richard Allan alias « Queue de Béton ». Fhal sera condamné à leur verser 45 000 francs d’amende chacun. Par orgueil, il paye et ne flanche pas. Toujours au culot, il affiche « Lovestore » sur ses vitrines, un nom déposé par son concurrent, Le Passage du Désir. Mais le patron Patrick Pruvost se montre magnanime : « je ne lui en veux pas, je le respecte pour tout ce qu’il a enduré. »

1986 dégringolade foudroyante, sans toit ni loi.

Le fisc réclame à Concorde quinze millions de francs, autant dire la clé sous la porte. Richard sombre dans la dépression. « J’ai vendu ma maison à un escroc, mes stocks pour une bouchée de pain. J’ai dormi dehors avec ma guitare et mon chien pendant 6 mois. Et là, j’ai grandi. Moins t’en as, mieux tu te portes. Le bonheur, ce n’est pas que l’oseille, mais aussi la famille, les amis et la santé. Mais ça, on le comprend avec le temps. » Fhal va jusqu’à insulter un policier pour se faire incarcérer et dormir au chaud en plein hiver :  

« Bon, finalement je me suis retrouvé avec des travelos qui voulaient tous me sodomiser (éclats
de rire). »

Richard Fahl - Crédit photo : E. Mazaré

Richard Fahl – Crédit photo : E. Mazaré

Au fond du trou, c’est encore une femme qui lui prêtera main forte, sa comptable, la seule à ne pas avoir quitté le navire. La veille du passage au tribunal, le fisc reconnaît avoir surévalué le redressement et ne lui réclamera qu’un dixième de la somme. Mais l’inspecteur lui balance cash : « Vous, j’aime pas ce que vous faites ! »

Comme Flynt, Fhal a subi les ligues de vertu et les attentats. Deux bombes il y a dix ans. L’une cachée dans une boîte de chocolats fera plusieurs blessés légers. « Du coup, j’ai fait le blaireau. J’ai eu peur et j’ai acheté des armes clandestines. Je me suis fait prendre et condamner. »

Richard Fahl - Crédit photo : E. Mazaré

Richard Fahl – Crédit photo : E. Mazaré

Début des années 2000, alors que le marché du porno s’effondre à cause d’internet, Richard Fhal va désormais vendre du plaisir aux dames qui, il faut bien le dire, sont prêtes à ça. Mais elles fuient les sex-shops, trop glauques. Fhal va donc leur ouvrir des supermarchés lumineux de « toys » et lingerie aux vitrines ouvertes hors des quartiers chauds. Pari gagné, désormais, sa clientèle est majoritairement féminine : « Elles sont plus à l’aise que les hommes et appellent un chat, un chat. » Les femmes ont énormément évolué, maintenant elles connaissent tout. Sauf que les hommes n’ont pas suivi. Ils ont peur d’être jugés, notés. Y a un gros malaise. J’en suis un, je sais de quoi je parle… »

Fhal admet que le X crée le trouble chez les jeunes : « Ça déforme l’image de la relation sexuelle. Mais nous ne sommes pas responsables. On répond à une demande. »

Aujourd’hui, les gens ne le prennent plus pour un vicelard ou un maquereau. La censure et les procès se font plus rares, la marchandise se banalise et perd de sa valeur. Ironie de l’histoire, Richard Fhal finit victime de la libéralisation des mœurs. Bon, tout va bien quand même pour lui ! Au côté de sa jeune petite amie aux cheveux rouges, Richard vit, peinard, son rêve de rebelle sur le Liberty. Grâce à son yacht, il se sent toujours hors-la-loi : « Je ne paye pas d’impôts locaux et j’ai l’impression de quitter le monde, de prendre le large. » Il y a une vingtaine d’années, lors de la cérémonie des Hot d’Or, en plein Festival de Cannes, un brin mégalo, il s’était offert un avion tirant une banderole « Richard Fhal chante la mer ». Sur la Marne, ses voisins, « des babas cools » qui vivent parfois sans électricité sur leur bateau, ne l’invitent jamais aux apéros : « Pour eux, je suis un bourgeois capitaliste. » Dans les karaokés, il chante comme à l’époque où il dormait sous les ponts. Le culte de la marginalité, encore et toujours, son meilleur numéro.

Richard Fahl - Crédit photo : E. Mazaré

Richard Fahl – Crédit photo : E. Mazaré

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Itw : A la Recherche de l’Ultra Sex

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Nicolas Charlet et Bruno Lavaine partent A la Recherche de l’Ultra-Sex. Le duo infernal de réalisateurs propose un long-métrage d’aventures sexuelles et spatiales à base d’archives du porno mondial. Dans la lignée de leurs Messages à caractère informatif, des sketchs s’appuyant sur le détournement de vidéos d’entreprises, diffusés à la fin des 90’s sur Canal Plus, ils prêtent leurs voix à ces acteurs qui ont fait l’âge d’or du X. Images et dialogues rocambolesques : bienvenue dans l’univers de Nicolas et Bruno.

C’est quoi “L’Ultra-sex” ?

Nicolas Charlet et Bruno Lavaine : C’est le Graal, quelque chose que tu recherches et que tu crains, une entité étrange matérialisée par un couple, une matrice qui incarne le désir sur Terre. C’est surtout ce qui meut les protagonistes, le MacGuffin d’Alfred Hitchcock, un prétexte narratif.

Comment vous êtes-vous lancés à sa recherche ?

Le projet est né dans le cadre des trente ans de Canal Plus. Arielle Saracco, la Directrice du pôle Créations originales, nous a demandé si le cul nous inspirait. En tant que figures historiques de la chaîne, il s’agissait de proposer une production inédite. Elle nous a donné carte blanche. On avait le vieux fantasme de réaliser un long-métrage sur la base du détournement. Quand l’idée d’utiliser de vieux pornos est née, nous pensions en avoir pour trois mois de recherches et de montage. En fait, ça en a duré neuf ! On ne soupçonnait pas la richesse du genre. Au fil de nos nombreuses découvertes, nous nous sommes concentrés sur des vidéos improbables et what-the-fuck, qui étaient passées inaperçues. On s’est rendu sur les tubes pornos et on a trouvé facilement du vintage avec des fiches détaillées. On a aussi traîné dans les vidéo-clubs. Nous avons rencontré Jo Khalifa, le directeur du Club 88 qui nous a calmés en nous expliquant qu’il avait une grosse collection de DVD et de VHS, plus de 100 000 titres. Il fallait donc s’entourer de spécialistes : collectionneurs, journalistes… Tous des obsédés sexuels. Ils nous ont aiguillés. On a quand même visionné 2500 films en cinq mois, soit 40 par jour chacun, souvent en avance rapide. Nous avons mis de côté 300 séquences qui nous inspiraient et des tendances ont fini par se dégager. On a construit l’histoire après, en sortant une photo de chacune de ces scènes et en associant des images, comme dans un exercice d’école de cinéma.

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Certains disent que regarder trop de porno nuirait à la santé. Vous vous sentez bien ?

On est en pleine période de sevrage ! Deux vidéos par jour, pour redescendre en douceur.

Pourquoi vous êtes-vous arrêtés sur la période 1972-1994 ?

À la recherche de l’Ultra-sex est un voyage dans l’âge d’or du cinéma porno. On s’est naturellement orienté vers cette période qui rimait avec folie, humour et liberté, et où tout semblait possible. C’est dans notre ADN : on aime le kitsch, les moustaches, les brushings… Les mecs se marraient, tournaient cinq films dans le même décor en papier crépon. La partie vidéo-club nous intéressait aussi, avec l’aérobic, les tenues fluo et les Ferrari rouges. Nous voulions saisir cette légèreté et montrer l’évolution des corps et de la façon de les filmer. Après les années 90, on quitte progressivement la narration, les personnages et le premier degré pour des scènes plus courtes centrées sur la performance. En 1994, les premiers regards caméra des actrices apparaissent. Ils vont de pair avec une disparition des hommes, qui deviennent de simples troncs. Internet a parachevé ce tournant. On est passé d’une industrie de fiction à une industrie de service.

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En jouant la carte de l’humour, votre film permet de dédramatiser un genre qui a mauvaise réputation. Pourquoi renvoyer cette image du porno ?

Le cinéma X a souvent rendu hommage au traditionnel ou s’en est inspiré. On a voulu faire l’inverse en partageant nos trouvailles avec le grand public, persuadés que personne n’avait jamais vu ça. Face à ces mecs qui conduisaient des vaisseaux spatiaux à poil, à la compétition de baise-roller ou au Cyrano de Bergerac avec un nez en forme de bite, on se disait : mais qui a eu l’idée d’écrire ces histoires délirantes ? Comment ces personnes ont-elles réussi à convaincre une équipe et à distribuer leurs films dans le monde entier, pour qu’ils arrivent jusqu’à nous en 2015 ? Et surtout, en quoi est-ce excitant ? Quel est le but ? On a joué avec ces productions incroyables qui avaient été tournées très sérieusement, sans s’en moquer pour autant.

À la recherche de l’Ultra-sex est interdit aux moins de 16 ans. Comment cette catégorie a-t-elle été déterminée ?

La question de la classification est très complexe. Les chaînes de télévision sont responsables de leurs programmes vis-à-vis du CSA. Elles s’auto-censurent par rapport à des limites assez floues. On a demandé à Henri Gigoux, qui programme du X sur Canal Plus depuis toujours, de déterminer une charte précise. En bref, l’interdiction aux moins de 18 ans correspond à l’explicite, quand celle aux moins de 16 ans implique une possible simulation des rapports sexuels. On savait ce que l’on voulait montrer. On tenait à travailler sur la frontière entre le cul et le rire, ce que nous avions déjà abordé dans notre précédent long-métrage, Le grand méchant loup… Et qui supposait la nudité.

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Quelles limites vous êtes-vous fixées ?

Celles de l’humour. Par exemple, on a choisi de montrer la scène de fellation du Cyrano de Bergerac au nez en forme de bite, qui provoque un mélange de rire et de dégoût, en se demandant sans cesse : jusqu’où aller dans le montage ? On a hésité, mais on a coupé avant l’éjaculation. La difficulté reste de rire à plusieurs devant des histoires de cul, parce que l’on touche à l’intime. Il s’agissait de retrouver la décontraction des années 70, où un tiers des cinémas des Champs-Élysées, entre autres, diffusaient des pornos. On a découvert cette dimension « détente » lors de la première projection d’À la recherche de l’Ultra-sex au Palais de Tokyo. L’ambiance était géniale. Certaines personnes avaient des a priori, mais elles ont été prises d’un rire de déculpabilisation et riaient d’autant plus.

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Aujourd’hui, quelle définition donneriez-vous de la pornographie ?

On pensait savoir ce que c’était. Maintenant, on est complètement perdus. Face à un long-métrage d’espionnage qui comprend de rares scènes explicites, on peut s’interroger, parler de film X… Ou de film complet pour adultes ! Au final, la pornographie est une terminologie morale qui est devenue esthétique.

Vous projetez À la recherche de l’Ultra-sex tous les week-ends au Studio Galande à Paris et vous avez organisé une tournée en province. En quoi votre projet est-il participatif ?

Les idées sont venues au fur et à mesure, grâce aux interactions avec les spectateurs. On a pensé que ce serait cool de montrer notre film dans toute la France et de proposer des animations. On a fait concevoir les costumes des robots de Daft Punk, des personnages d’À la recherche de l’Ultra-sex; on s’est déguisé et on a inventé une chorégraphie. Animés par le désir de partage, nous avons aussi mis en place un atelier pour “redoubler” des extraits avec les spectateurs, et vivre l’expérience ensemble. Nous avons exporté notre concept temporairement, en participant au Festival International de Film de Fribourg en Suisse, puis au Fantastic Fest d’Austin, et en le présentant à la Cinémathèque américaine sur Hollywood Boulevard. La prochaine étape serait de traduire et d’adapter les dialogues en anglais pour deux acteurs américains. Les négociations sont en cours.

Nicolas&Bruno - Portrait 1

Nicolas & Bruno

 

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24H collés au cul de Ma Publictherapy

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Prénom : Marjorie mais tous le monde l’appelle Ma

Nom d’artiste : Ma Publictherapy

Métier(s) : Djette déjantée, chanteuse énervée et DA inspirée.

11h : Quartier de la Place des fêtes (Paris 19ème)

Ma nous a donné rendez-vous chez Nikita, effeuilleuse burlesque, sa chérie depuis deux ans. Elles ne sont pas mariées, mais Ma aime l’appeler  « sa femme ».  Café clope dès le matin, elle vient de se lever. Petit déjeuner avec Nikita. Elle l’a rejointe tard hier soir, ou plutôt tôt ce matin. DJ résidente dans un club lesbien, ses sets durent en général jusqu’à 7h. Ma dort peu.

11h 40 : Elle peint sa bouche. Elle ne sort jamais sans son rouge indélébile. Il durera jusqu’à la nuit. Toujours pressée, pas le temps que Nikita libère la salle de bains, ça tombe bien, il y a un miroir dans l’escalier de l’immeuble.  

Ma Public Therapy © Pascal Brizard

Ma Public Therapy © Pascal Brizard

Chaussures montantes, leggings et jupe en strass ultra courte. A part sa besace de Djette avec son matos en bandoulière, Ma ne porte jamais de sac à main, elle déteste, son portefeuille est planqué dans sa botte. Une tenue de guerrière : « Je suis une femme qui sait ce qu’elle veut et qui l’obtient toujours ».

11h 50 : direction le marché de la place des fêtes. Originaire de Cognac en Charente, elle aime les bons produits, surtout les huîtres, des charentaises, les meilleures. Au moins deux fois par semaine, elle en commande une douzaine qu’elle va déguster avec sa femme au PMU d’ à côté, le QG des gars du marché. Loin de son univers, depuis un an, ils sont devenus ses amis, sans jamais la juger. Champagne et huîtres iodées, Ma ne connaît pas de meilleur remède anti-gueule de bois.

Ma Public Therapy © Pascal Brizard

Ma Public Therapy © Pascal Brizard

14h : dans une cave du 4ème arrondissement, le studio de répétition d’Anatomie Bousculaire, groupe de gros rock lesbien.  Depuis une vingtaine d’années, il tourne en France, et surtout en Allemagne et en Russie. 45 tours des années 80, poupées barbie déglinguées, le lieu est minuscule, bordélique et charmant. J’y trouve même un garçon. Pas trop compliqué d’être le bassiste d’un groupe de lesbiennes ? Dans un éclat de rire, il m’avoue que ce serait plutôt lui, la fille  ! On quitte Cécile, Olivier et Alice sur un « à plus les gars ! ».

Anatomie Bousculaire © Pascal Brizard

Anatomie Bousculaire © Pascal Brizard

14h45 : A grandes enjambées, Ma m’entraine dans un dédale de ruelles vers la porte Saint Denis, dans le Xème arrondissement. Elle a réservé une heure dans une salle de répétitions. Avec son mètre 83, je dois presque courir pour ne pas la perdre et pourtant je ne suis pas petite ! Plus jeune, comme souvent les grandes, Ma a complexé sur sa taille. Aujourd’hui, voir le monde de haut, elle aime bien (et ça permet d’aller plus vite).

15h : Répétitions avec Arthur, son alter ego dans « Vodka gun », son nouveau projet musical.  Un hommage aux riot girls et aux free nipples, mouvements contestataires qui revendiquaient la liberté pour les femmes de pouvoir se balader comme les hommes, torse nu, pour promouvoir l’égalité des sexes.

Auteur, compositeur, interprète, à chaque nouvel album – elle en a déjà 7 derrière elle- , Ma crée un univers visuel aussi important que sa musique. Surprise, même les répètes se font en soutif. Sons grunge, puissants, une voix  qui module du grave à l’aigu sans efforts, de la colère à l’extase. Marjorie fait sa public therapy en privé.

15h bis

© Pascal Brizard

© Pascal Brizard

17h : Tournée des bars de son quartier. Elle vit dans une portion de la rue saint Denis « où ça tapine encore ». Il n’est pas rare qu’au petit matin elle prenne son café avec des maitresses SM plus toutes jeunes, qui depuis 20 ans, gagnent leur vie grâce à leurs réguliers. Comme aux platines, Ma aime mixer les univers, des bars populaires de la rue du Faubourg du Temple à l’hôtel 4 étoiles qui vient d’ouvrir porte Saint Martin. Son salon, avec feu de cheminée est idéal pour un 5 à 7… romantique. Coup de fil à Nikita : « on s’appelle autant de fois que nécessaire ».  Dans quelques heures, elle sera aux platines et Nikita à l’effeuillage pour une soirée spéciale place rouge.  

©Pascal Brizard

©Pascal Brizard

« Mixer pendant 8h d’affilée et trouver une idée toutes les trente secondes, c’est très physique, j’ai besoin de recharger les batteries avant d’entamer la soirée ».

© Pascal Brizard

© Pascal Brizard

20h : Chez elle, Ma enfile une robe de circonstance, rouge évidemment. Ses fringues, elle ne les achète pas, hormis ses chaussettes et ses dessous. Pas besoin, elle récupère la plupart de sa garde-robe au club où elle mixe. « C’est fou ce que les filles peuvent oublier comme vêtements, on les met de côté mais c’est rare qu’elle viennent les récupérer. j’attends et après, j’embarque ce qui me plaît ! ».

21h : Dîner rue des Ecouffes, Paris 4, en face du club où Ma doit mixer. On entend le patron dire qu’il y a eu une fusillade dans le XIème arrondissement. Pour le moment on ne sait rien. On est vendredi 13 novembre.

© Pascal Blizard

© Pascal Blizard

22h : le 3W. Pour Women With Women. L’un des deux seuls clubs lesbiens de la capitale, alors qu’il y a tant de bars gay. Ma m’explique qu’une fois en couple, les filles sortent moins et surtout que les inégalités hommes-femmes persistent, elles ont moins de pouvoir d’achat. Ma est DA et DJ résidente du lieu, c’est elle qui fait la programmation. « On vient ici pour écouter de la musique fort  et pour choper, mais les garçons peuvent rentrer, on les limite seulement à 20% de la clientèle et on les trie sur le volet pour éviter les gros boulets qui fantasment sur les plans à trois ».

22h15 : On apprend qu’une prise d’otages a lieu au Bataclan. Le spectacle d’effeuillage est annulé. Ma demande à Nikita de rester chez elle. Au 3W, on est une vingtaine. Tout le monde est inquiet mais on a besoin de se défouler. On boit, on danse sur les Gypsy Kings. Ma enchaîne les morceaux. « 97% du langage est corporel. Quand je mets un morceau, je regarde ce qui se passe dans le corps des gens et je sais tout de suite sur quel morceau enchainer ».

Ma Public Therapy © Pascal Brizard

Ma Public Therapy © Pascal Brizard

00h30 : La préfecture a demandé aux établissements de fermer. Je sors du club avec Ma. On ne sait pas où sont les terroristes, on entend les sirènes. On ne sait pas où aller. Le seul taxi qu’on voit passer ne veut pas nous prendre, il ne veut pas passer par « nos quartiers « ( le Xème et le XIXeme), « pas envie de se faire descendre ». Ma et moi nous dirigeons vers la Seine. Les rues sont désertes, tout est fermé, aucun endroit où se réfugier, Paris semble mort. Les lèvres de Ma ont gardé leur rouge.  

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The Couple : Valérie & Erwan

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The Couple, c’est notre rubrique dans laquelle vous nous racontez votre vie de libertins. Comme d’habitude, chacun joue le jeu et répond aux questions sans savoir ce que l’autre a dit ! Cette fois-ci, ce sont Erwan & Valérie qui nous livrent leurs versions des faits…

Quel est votre pseudo sur Netech ?

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Comment avez-vous découvert le libertinage ?

Elle : Au départ c’était en flirtant plus ou moins sur le net pour faire des rencontres. Je suis tombée sur un libertin qui m’a emmené dans un club et là, LA RÉVÉLATION !

Lui : Avec un copain au travail, on parlait souvent de cul, il m’a proposé un soir de l’accompagner à la Biche Coquine en Bretagne en sortant du boulot. Je me suis dit pourquoi pas !

Où, quand, comment vous êtes-vous rencontrés ?

Elle : Sur Netech. J’avais un profil solo à l’époque, et ma fiche était relativement orientée avec mon pseudo. Il était pompier, nous étions un 13 juillet, c’était prédestiné ! Il est venu et ça a réellement été le feu d’artifice ! Il est reparti 3 jours après. Deux mois après on emménageait ensemble.

Lui : On s’est rencontré grâce à Netech. Madame avait affiché son profil en tant que solo. Je suis tombé sur sa cam et son pseudo, Lovepompier. Étant pompier moi-même, je me suis tout de suite senti concerné ! Au début j’étais un peu en “sous-marin”, j’envoyais quelques messages, juste comme ça, puis finalement, on s’est rapidement appelés tous les week-ends pendant 6 mois, sans jamais se voir. Le 13 juillet 2012 (soir du bal des pompiers donc), je suis chez ma mère, je lui dis que ça fait une semaine que j’ai pas baisé. Elle me répond que je dois bien avoir quelques numéros dans mon portable, c’était le moment ou jamais d’appeler Lovepompier. Une heure après j’étais chez elle.

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Qu’est-ce qui vous a séduit chez elle ?

Elle : Son côté trop sûr de lui. J’adore les hommes trop sûrs d’eux, en général ils sont très fragiles.

Lui : Outre son pseudo (LovePompier, ndlr) son côté mystérieux. Elle me paraissait totalement inaccessible et puis finalement pas tant que ça (Rires) !

Quel est le plus beau cadeau qu’elle vous ait fait ?

Elle : Une bague ! Il était parti quelques jours pour un stage de pompier plongeur, et il a fait sa demande au retour, à l’aéroport. C’était un peu galère parce qu’il fallait éloigner les enfants etc… Il a fait ça au café, un peu timidement. C’était adorable.

Lui : Au bout de 3 mois de vie commune (ndlr : 2 mois après leur rencontre), je pars pour un stage pro. J’avais acheté une bague, et en sortant de l’avion je lui ai demandé sa main. Elle a dit oui, alors que j’étais vraiment pas sûr de moi sur ce coup ! Encore une fois elle m’avait parue inaccessible.

Qu’est ce qui vous excite le plus chez elle ?

Elle : Son côté dominateur ! Sans hésiter !

Lui : Qu’elle soit femme fontaine. C’était un mythe pour moi ! La première fois j’ai trouvé ça bizarre, maintenant dès que j’ai une occasion de la faire couler, j’y vais !

Quelle est sa spécialité ?

Elle : L’endurance ! Et puis il a tout compris au libertinage, tout est très simple et facile, ça coule de source avec lui !

Lui : Je l’appelle l’avion de chasse (et tous nos amis libertins aussi d’ailleurs). Parfois on fait l’amour, parfois on baise, et quand on baise, elle est tellement en transe, elle monte tellement haut, elle part tellement loin, c’en est vertigineux. On m’a déjà par exemple demandé si elle faisait un malaise..!

Vos pratiques et envies sexuelles ont-elles évolué depuis votre rencontre ?

Elle : Complètement ! Je ne m’interdisais rien avant en tant que solo. En couple, ça change complètement la donne, mais c’est une évolution vers quelque chose de totalement épanouissant, serein et apaisé. Alors que j’étais une libertine un peu … complexe avant !

Lui : Bien sûr. Déjà avant, on était libertins “solo”, ça, ça n’a absolument rien à voir avec aujourd’hui. Depuis qu’on libertine en couple, on se permet plus de choses, on va plus vers du SM soft par exemple. Ou un peu moins soft d’ailleurs.

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Votre plus belle expérience sur Netech ?

Elle : Très bonne question, il y a eu tellement de choses incroyables, vu que Netech est un vrai vivier ! Ma plus belle expérience, ça peut paraître bateau, mais c’est lui en fait …

Lui : …Elle !

Qu’est-ce que vous apporte le libertinage ?

Elle : La liberté. Tout simplement. D’être totalement débridée et libérée, d’essayer tout ce qu’on veut, d’aller même au-delà du fantasme. On se retrouve parfois dans des situations ou à faire des choses qu’on aurait jamais même pu imaginer !

Lui : Une assurance, je me sens plus confiant. Et ça m’empêche paradoxalement d’être infidèle, d’ “aller voir ailleurs”, puisqu’on fait tout avec l’accord de l’autre. On s’est fixé une ligne de conduite, avec un regard ou un geste on se recadre direct si quelque chose ne va pas.

Qu’est-ce que vous aimez le plus dans le libertinage ?

Lui : Les rencontres ! On s’est fait des amis, des vrais ! Il est arrivé qu’on rencontre des couples avec qui on libertinait, alors que maintenant nous sommes devenus des amis “classiques”. De même, nous avons rencontrés une fille, à une soirée privée, je lui ai touché les seins, et finalement on s’entendait tellement bien qu’on a préféré rester potes. Elle a aussi été invitée au mariage d’ailleurs !

Elle : Quand nous libertinons avec d’autres couples, ça renforce encore plus notre couple et notre désir l’un pour l’autre.

C’est quoi pour vous être libertin ?

Lui : Avoir une sexualité autre, refuser de rentrer dans le moule. C’est un état d’esprit “différent”.

Elle : La liberté sexuelle, même si ça parait évident. Faire des rencontres que l’on ne pourrait même pas concevoir dans la “vraie vie”. J’ai rencontré des gens du spectacle ou des sportifs connus par exemple, que je n’aurais jamais pu approcher autrement. On peut même parler d’abolition de barrières sociales; on arrive parfois dans des soirées privées où il y a des Porsche, plein de voitures de luxe, ce n’est pas mon milieu, mais dans le libertinage on peut tous se côtoyer. Être libertin c’est aussi faire tomber les masques et être vraiment soi

Des projets ensemble ?

Lui : Le mariage bien sûr ! On va aussi faire un mariage libertin, inviter tous nos amis et fêter ça comme il se doit dans un club loué spécialement pour l’occasion.

Elle : Évidemment ! Le mariage ! Monter un mariage libertin ensemble dans les mois qui vont venir. Et surtout que ça dure !

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Tonton Bringueur : Franck Spengler

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Franck Spengler éditeur et libre bandeur

Il est rond, souriant et avenant que c’en est désarmant. On pensait rencontrer un diable sur ses terres tapi dans son Enfer, un brin chelou vaguement border et on s’en régalait d’avance. On découvre un homme qui ressemble au mec d’en face mais habité, lucide, en colère aujourd’hui comme hier, franchement passionnant et on n’a pas été déçu du voyage. A la tête des éditions Blanche, qu’il a fondées au début des années 90, Franck Spengler dans la lignée de Jean-Jacques Pauvert et de Régine Deforges, sa mère, a su garder le cap de son insoumission. Par les temps qui courent de travers, on s’en serait voulu de passer à côté de la rencontre. Autant prévenir, c’est pas du Mickey et c’est mieux que du cul.

C’est dans une petite rue endormie du 17e arrondissement parisien. Plus discret, c’est difficile. On passe même deux fois devant avant de sonner. On cherchait du rose en devanture, du show dans la vitrine. C’est souvent comme ça avec les à priori, les on dit… quel con ce Léon.

Un de ses auteurs squatte son bureau pour d’ultimes corrections,  c’est donc dans son aquarium que Franck Spengler choisit de nous recevoir. Pas de poissons mais des livres. Partout. Des dizaines et des dizaines. Dans leurs cartons, dans leurs emballages de cellophane. Bientôt, ils feront plaisir. Ils font déjà le nôtre. L’aquarium, c’est la réserve, c’est l’île au Trésor. Clara Morgane en calendrier, Audiard illustré, Michael Jackson sa vie son œuvre, Jacques Chirac et ses archives privées… choisis ton camp camarade et prends ton pied. Mais les éditions Blanche au juste? Elles font partie de la même holding,  Hugo et Cie. Laquelle se présente comme une maison d’éditeurs ce qui est effectivement tout de suite plus fréquentable.

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Et comme les histoires de capital nous tentent aujourd’hui un peu moins que les aventures de plume, c’est sur ce que fut le Lien pour beaucoup d’entre nous que va s’engager la belle et vibrante discussion.

Vanessa Duriès, le début de la légende

Le Lien, « un coup de boule littéraire ». Un séisme fondateur qui nous renvoie à l’année 1993, soit aux premiers temps de la maison d’édition fondée par Franck Spengler. Jusque là il avait un vrai métier, PDG de Ramsay. Le Lien donc, et cette jeune auteure, « il y en a une comme ça tous les… tous les jamais ». Elle se faisait appeler Vanessa Duriès. Franck s’en souvient comme si elle venait à l’instant de sortir de son bureau. « C’était un ovni, une petite nana de dix-neuf ans qui arrive et qui me dit voilà, j’ai envie de raconter ce que je vis parce que j’ai l’impression que personne ne me comprend. Issue d’un couple mixte, un papa d’origine algérienne, une maman française, du Lot-et-Garonne… voilà, un truc pas facile… Premiers rapports amoureux avec un Maître au petit pied et puis ce type va l’emmener dans des soirées où elle va découvrir une sexualité que des adultes voire des gens en fin de vie n’ont jamais eue et elle va grandir par l’accession qu’elle donne à son corps et ça elle sait le raconter, ce qui est rarissime à dix-neuf ans. C’est pour ça que c’est un livre, peut-être pas techniquement mais d’une maturité littéraire d’un auteur qui aurait eu cinquante ans et plus ».

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Pour Katia Ould-Lamara,  sa véritable identité,  l’histoire s’arrêtera brutalement le 13 décembre de la même année sur une route du sud de la France. Elle avait vingt et un ans. Pour Vanessa Duriès, ce sera le début de la légende. Elle est devenue aujourd’hui l’une des grandes figures iconiques du milieu SM.

Vanessa Duriès et encore avant Françoise Rey. Un beau chemin avec celle qui comme lui dans une autre vie fut professeur, on en regretterait parfois l’école. Parti de la Femme de Papier en 1989 chez Ramsay jusqu’aux Aventures Délirantes aux éditions Blanche en 2012. Et puis, Françoise Simpère pour des Désirs et des Hommes, Maïna Lecherbonnier, fameuse marquise et pas rangée du tout, et ses Exercices sexuels de style. Emma Cavalier et le Manoir, oui encore un must have pour qui veut jouir avec style. La liste est longue. Plus de trois cents titres au dernier recensement mais pourquoi compter.

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Autant de paris plus ou à peine moins risqués. C’est sans doute pour ça qu’on devient éditeur, qu’on le reste. C’est en tout cas pour ça qu’il l’a été, Franck Spengler.  « Et c’est vrai que ce métier le permet, je pense, dans des boîtes très organisées, de moins en moins… hélas. On est passé d’un artisanat à une industrie et dans l’industrie, il y a des règles, on ne plaisante pas, des études de marché, des plans promo qui font que ça bride. »

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Et de se souvenir tout à coup que sortir Le Lien dans les années 90 se sera finalement avéré plus simple que faire parler d’un livre aujourd’hui. Ah bon. « Je trouve qu’il y a une liberté de penser, de ton, simplement de faire qui a terriblement reculé. On s’est tous formatés. Je dis « on », je me mets dedans. Des éditeurs comme Pauvert, comme Deforges ou Martineau qui faisaient des paris, des essais sur des trucs complètement dingues, c’est fini maintenant. »

Quand Pauvert et Deforges éditaient, ils se battaient

Notez qu’effectivement, éditer comme Jérôme Martineau a eu le don de le faire en 1966.  Le Chinois du XIVe trancherait aujourd’hui quelque peu dans le mou ambiant. Imaginez ça. Un bouquin illustré par Topor, écrit par Melvin Van Peebles qui allait signer cinq ans plus tard Sweet Sweetback’s Baadasssss Song, l’un des, sinon le tout premier long métrage filmé par un Noir pour les Noirs ou l’histoire tout à fait barrée d’un orphelin devenu gig et au passage fortement membré, déjà un truc de crac boum hue, qui  allait ouvrir grand la porte à la Blaxploitation. Et la référence n’est pas neutre, elle illustre l’époque à laquelle s’est biberonné Spengler.

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Quand Pauvert et Deforges éditaient, ils se battaient. Et ce fut souvent pour elle comme pour lui d’une violence qu’on n’imagine plus. Contre des murs érigés par d’autres. Contre la censure. Incarnée notamment par le riant Raymond Marcelin, décoré de l’ordre de la Francisque, surnommé « Fouché, le vrai » par de Gaulle et ministre de l’Intérieur de Pompidou à Messmer. Marcelin et d’autres qui comme lui
« voyaient le Monde d’une certaine manière et voulaient empêcher de le voir autrement ». Ce combat pas si vieux, pas si éteint, entre progressistes et réactionnaires.

A cette différence mordante, cruelle, que « maintenant, les réactionnaires, c’est nous! C’est nous les geôliers!… C’est dur de se battre contre soi-même. C’est très très dur. Et j’ai du mal à comprendre aujourd’hui. J’ai assisté dans des repas chez ma mère à des débats avec des mecs de tous azimuts qui se déchiraient idéologiquement tout en buvant des canons et qui pouvaient échanger en étant dans des désaccords complets. Maintenant, c’est impossible. Parce que tu peux pas dire ça sur tel sujet ni ça sur tel autre. On est rentré dans une société de codes» Allons bon, lui aussi. Spengler, qui renonce aux ors de Ramsay pour voguer libre sous son propre pavillon et jamais de complaisance, aurait affalé. Lui qui a édité Eric Naulleau qu’on croisait encore sur tous les plateaux de télévision il y a peu aussi bien qu’Alain Soral trimard chez tricard ou encore Erik Rémès dont le goût revendiqué pour la monte à cru lui a d’ailleurs valu de voir ses propres locaux saccagés par Act-Up Paris en avril 2003, Franck fils de Régine l’irrédentiste serait rentré dans les clous??

« On va se parler très franchement, je vais faire comme Nicolas Sarkozy, on va pas se mentir, ce que j’ai fait, je l’ai payé le prix fort. C’est à dire qu’un mec comme moi qui va avoir soixante ans, dans l’édition, qui aurait suivi le parcours que j’aurais pu suivre chez Fayard, au Seuil, je gagnerais entre huit et quinze mille euros par mois. Là, je dois être à cinq mille. Je ne me plains pas. C’est très bien. Je suis très heureux. Mais ça, ça a un prix. Le dernier journaliste que j’ai vu, ça remonte… aux années 70… J’exagère mais voilà, tout ça on te le fait payer dans une société qui ne veut voir qu’une tête. En publiant Soral, en publiant Rémès ou Laurent Guyennot. Et puis vient un moment où d’être sous pression, ça fatigue, ça aigrit, ça altère un peu la pensée aussi. Alors que tu n’as pas l’impression de faire quelque chose de mal mais d’ouvrir une porte sur un autre champ de pensée. Je le disais à mes enfants, ce n’est pas parce que tu as décidé de ne pas parler de la torture qu’elle n’existe pas. S’imaginer que le silence empêche le fait, c’est d’une bêtise incroyable. Je dirai ça de tous ceux qui subissent des pressions du fait de leurs idées, je reste là-dessus intraitable, c’est insupportable. A la maison, il n’y avait pas de censure, on pouvait tout dire même le pire. Mais on avait droit de se prendre en retour la vindicte de ma mère. J’ai été mal élevé» Humour. Dérision.

Tendresse intacte d’un fils pour sa mère, dont il partage à l’évidence l’insoumission jusqu’à la colère. « J’ai adoré le monde dans lequel je vivais, j’ai cru qu’on pouvait le changer mais j’aime pas le monde dans lequel je vis. Ce monde là ne me plaît pas. Cette inculture, dont nos dirigeants doivent forcément être ravis, oui ça me met très en colère ».

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« Vous vous êtes énervé, vous avez besoin d’une petite pipe »

Et c’est par goût non pas tant pour la seule transgression mais plutôt pour ce qu’elle offre à découvrir, à comprendre de soi, des autres, de sa propre condition d’homme qui désire, qui bande et qui jouit que Franck Spengler s’est mis à éditer des textes admirables, crus, bruts, des chefs d’oeuvre souvent. La rencontre avec Jean-Jacques Pauvert fut conséquente. Il y en a eu d’autres. Avec des textes. Comme l’Anglais décrit dans le château fermé, d’André Pieyre de Mandiargues.  « C’est un livre s’il est publié maintenant, on va tous au zonzon ». Le sexe parce qu’il choque, qu’il heurte et qu’il affranchit.
« C’est ce que j’ai compris avec Sade. Pourquoi, le sexe était toujours sous contrôle de l’Etat, des Institutions. Pour la dangerosité qu’il représente. Si tu libères le sexe, tu libères l’Homme»

Mais aujourd’hui où on ne risque plus, comme Pauvert, dix ans de procédure judiciaire pour avoir exhumé et édité le divin Marquis, alors que triomphe la New Romance emmené par le colossal succès des 50 Nuances de Grey, et après avoir au minimum tout lu, comment toujours s’émouvoir? Se laisser cueillir encore? Finalement comme hier, comme aux tout premiers temps de son rose aux joues, quand le style et l’histoire surprennent, intriguent, choquent. Comme la Muse, de Sarah Agnès L. « Très classique quant au schéma mais ce qui est très intéressant, c’est le huis clos de cette nana qui arrive chez un auteur qui vient de perdre sa femme et son enfant dans un accident de voiture, elle vient l’aider, il lui dit de dégager et puis elle lui dit « vous, vous êtes énervé, vous avez besoin d’une petite pipe »… et ça commence comme ça. Et on a une vraie interrogation. Qui c’est cette gonzesse??? Pourquoi elle est là? Qu’est-ce qu’elle fait? Voilà des choses qui m’intéressent ».  Comme peut le tenter aussi de publier les mémoires de Jean-Marie Le Pen, projet que vient de lui soumettre l’un des fondateurs du GUD, l’espiègle syndicat étudiant à droite toutes.  « Le Pen, c’est cinquante ans de vie politique française, c’est ça aussi la liberté d’expression ».

Etonnant ce va et vient permanent au fil de la discussion entre son travail d’éditeur, l’érotisme et le débat d’idées. A croire que que l’érotisme et le champ politique sont intimement liés.  « Mais l’érotisme est une force politique. C’est une littérature de rebelle. Clairement. C’est très proche de l’anarchisme, la littérature érotique. Elle est protéiforme. Poétique, vulgaire, suggérée mais à chaque fois elle te donne le même message… libère toi camarade»

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Les Rois de la Nuit #1 : Laetitia

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Chez Wyylde, on veut vous parler d’eux, de vous, de tous ceux qui font la vie et la nuit libertines !
Aujourd’hui, c’est la queen Laetitia, créatrice et organisatrice des sulfureuses soirées Fuchsia qui se livre à nous…

Laetitia, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Laetitia (pseudo Wyylde/Netech : laetitiatrans), je suis d’origine brésilienne et vis à Paris depuis 2003. J’ai 39 ans, je suis transexuelle, célibataire, coiffeuse/maquilleuse pour les spectacles, le ciné et la télé.
Mon expérience comme libertine a débuté il y a 4 ans, en m’inscrivant sur Netech/Wyylde. Mais plus que libertine, je me considère comme une épicurienne hédoniste !
Ma 1ère soirée privée s’est passée en février 2014, avec pour thématique « Soirée Carnaval Rio à Paris » en collaboration avec le couple « venicelove » (pseudo sur Netech/Wyylde) dans une maison près de Paris.

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Comment avez-vous évolué dans le libertinage ?

Au début je ne comprenais pas bien les codes et le mode vie du libertinage, mais après plusieurs expériences avec des hommes expérimentés, j’ai très vite appris à apprécier cet univers ! Aussi, j’ai eu une une longue relation avec un homme libertin et organisateur de soirées privées aussi, donc grâce à lui j’ai pu rencontrer des couples, des hommes, des femmes qui aiment les mêmes choses que moi. Puis j’ai fait la connaissance d’autres personnes du milieu qui m’ont présentée aux patrons des clubs parisiens et au Cap D’Agde…

Quel type de soirées organises-tu ?

Mes soirées sont dédiées au 3ème sexe, aux fétichistes, bi ou non bisexuel, aux libertins échangistes. Elles sont festives, conviviales, animées, débridées avec un décor et un dress code particuliers à chaque thème.
Mon but est de proposer aux « Tgirls » (les trans, ndlr) une vraie ouverture d’esprit car en général, nous ne sommes pas les bienvenues en clubs privés classiques, ni à Paris ni au Cap d’Agde. J’ai senti qu’il manquait un lieu où tous les genres pourraient se rencontrer sans être discriminés. Comme la plupart des clubs organisent des soirées couples, trios, gang bang, partouzes, mais uniquement entre hétéros avec éventuellement quelques bi, je me suis lancée dans les organisations des soirées 3ème sexe et bi.

Où organises-tu tes soirées ?

En général dans des lieux que je privatise spécialement pour ces événements, mais aussi dans quelques clubs privés à Paris : le Rituel Foch, le We Magnifique, Quai 17 et au Cap d’Agde le Chateau de Tredos et le Jeux de mains.

Comment se fait la sélection des participants ?

Mes invités pour la plupart sont des couples bi, les 3ème sexe, hommes et femmes, donc tout le monde peut y participer ! Je fais une sélection par rapport à leur recherche et leur orientation sexuelle. Bien sûr, je connais beaucoup de gens dont le profil n’est pas renseigné dans les catégories : trans/trav/bi dans la fiche, donc là c’est plus compliqué… Le tchat m’aide beaucoup dans ce cas à faire connaissance avec les gens.

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Quelles sont les règles à respecter ?

Evidemment le respect des personnes du 3ème sexe , c’est ma priorité ! Après il faut respecter les lieux , les autres participants, le dress code…

Comment s’articule une soirée privée ?

Je suis toujours à l’accueil pour recevoir mes invités, mes hôtesses restent à l’intérieur pour faire visiter le lieu, le bar et présenter les participants les uns aux autres.
Puis j’anime la soirée avec un show transformiste, avec très bon DJ. J’invite ensuite tout le monde à me joindre et à danser avec moi, et c’est là que ça commence à être chaud ! L’ambiance s’enflamme et les invités se touchent, se caressent, se frottent etc… Tout au long de la soirée je suis à l’écoute de mes convives pour leur assurer tout le confort et l’attention qu’ils méritent.

Quel est le nombre d’invités maximum ?

Le nombre de participants dépend du lieu, mais je ne fais jamais de soirées de moins de 60 personnes. La plus grosse soirée a atteint les 225 participants. Je préfère la qualité à la quantité, donc je suis très sélective !

En quoi ce que tu proposes est différent des clubs libertins ?

Mes événements et les clubs échangistes n’ont rien à voir : dans un club il n’y a pas d’animation, ni un accueil aussi chaleureux et personnalisé, ni la même mise en relation entre les participants. En tant qu’organisatrice et animatrice du 3ème sexe, les gens se sentent plus à l’aise et en confiance pour se rencontrer en tout liberté. Chose que parfois ils n’osent pas faire dans les clubs à cause du regard des autres et de leur jugement.

Comment imaginez-vous la soirée idéale ?

C’est la mienne bien sûr (rires)!!!! La soirée idéale se passe dans un lieu moderne et chic avec de très beaux barmen et très belles hôtesses, une réception impeccable, des tenues sexy, un décor au top, un très bon DJ, des coins câlins spacieux et nombreux, des danseurs et danseuses, des spectacles transformistes, du sex live avec couple homme/femme , homme/homme, homme/3eme sexe etc.. Et aussi de très bons cocktails !

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Quelles sont tes références, tes influences artistiques et culturelles ?

En tant qu’animatrice de soirées, j’ai eu beaucoup d’expérience au Brésil pendant le Carnaval. J’apporte en France mon savoir-faire de la fête !
Je travaille également avec des personnalités de la télé et du cinéma. J’ai aussi participé à plusieurs soirées hyper connues en Allemagne, en Hollande et en France. J’ai rencontré un couple au Cap d’Agde qui fait de super soirées à thème dans le Ryad 9. Ce sont toutes ces personnalités qui m’inspirent !

Les débutants ont ils accès à vos soirées, si oui comment les intégrez-vous ?

Oui, ils sont acceptés bien sûr, et sont les bienvenus ! Mon rôle est justement de les mettre en relation avec des gens plus expérimentés pour qu’ils se sentent plus à l’aise et en confiance .

Des souvenirs, des anecdotes particulières ?

A Paris pendant le concours Mister Fuchsia 2014 j’ai eu la chance d’assister à la plus grosse partouze de ma vie !!! Tous les genres se mélangeaient, hommes, femmes, couples, trans, trav, bi, hétéros, c’était génial, géant, incroyable ! Et tellement bon à regarder !
Dans un autre genre, c’était la crise de nerfs de la candidate du concours Miss Fuchsia 2014 au Cap d’Agde où la 1ère dauphine n’as pas accepté le résultat, et a complètement pété les plombs devant tout le monde. Ca m’a choqué, mais en même temps c’était très drôle, ça a mis l’ambiance !

Les soirées organisées au Cap d’Agde sont-elles différentes des soirées organisées à Paris ?

Tout à fait différentes car là bas on est en bord de mer, on est en vacances, on est là pour faire la fête et profiter un maximum des soirées. Même les parisiens changent de mentalité quand ils sont au Cap d’Agde ! Il y a aussi un grand nombre d’étrangers qui viennent et qui se mêlent aux Français. Nous les 3ème sexe, on se sent plus libres et en sécurité là-bas pour vivre notre vie normale et libertine !

As-tu le sentiment d’avoir aidé certains couples à s’ épanouir dans le libertinage ?

Toujours ! En tant qu’amie et organisatrice on est un peu psy dans les soucis de couples; parfois même intermédiaire pour qu’ils puissent trouver leur équilibre pendant une soirée. Après, entre eux, en toute intimité ils ne se rappellent que des bons souvenirs qu’ils ont passés avec mes invités et moi ! Ça les aide à s’épanouir sans être infidèle.

Te considères-tu comme un « coach » du libertinage ?

On peut dire que oui ! Beaucoup de gens viennent me demander des conseils et des infos au sujet d’une 1ère expérience avec une personne du 3ème sexe. Pour un couple c’est plus compliqué du fait d’être deux. Parfois le mec a envie mais n’ose pas le dire ou le faire devant sa femme (ou l’inverse).

Que t’a apporté Netech/Wyylde ?

Le site m’a apporté et m’a ouvert beaucoup de portes, notamment pour rencontrer des gens hyper sympas qui sont devenus des amis proches. Je suis considérée comme une icone du 3ème sexe dans le milieu libertin grâce au site!

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Toutes les infos sur le site des soirées Fuchsia 

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The Couple : Sexy et en fauteuil !

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Wyylde est allé à la rencontre d’un couple un peu particulier. Tous les deux ont joué le jeu de notre entretien croisé afin de partager leur amour et expériences avec nous, et montrer que le handicap n’empêche pas la sensualité, la liberté ni la passion.

Quel votre pseudo Netech/Wyylde ?

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Comment avez-vous découvert le libertinage ?

Lui : Il y a déjà pas mal d’années avec mon ex-femme, nous avions alors passé une annonce par le biais d’une revue spécialisée (le net n’en étant qu’à ses débuts). Nous avons commencé par curiosité, par fantasme… Nous avons été prudents quant à cette nouvelle expérience et nos débuts se sont faits à tâtonnements : d’abord par le côte-à-côtisme, puis l’échangisme, mais nous étions des libertins occasionnels.

Elle : Avec la personne avec qui j’étais avant de connaitre Eric. Les 1ères découvertes ont été anxiogènes pour moi, car la nudité est quelque chose de très intime. Mais par la suite, j’ai su trouver ma place et me découvrir à travers les rencontres.

Où, quand, comment vous êtes vous rencontrés ?

Lui : Nous nous sommes connus par le biais d’un autre site de rencontre. Cela a commencé par un dialogue pour nous connaître un peu mieux : là, j’ai révélé à Sandrine que j’étais en fauteuil roulant car parfois cela bloque certaines femmes. Il me semblait alors vital de ne pas lui cacher (ou même éviter de lui en parler). Après quelques échanges, nous avons convenu d’un rendez-vous pour faire connaissance en chair et en os ! Nous nous sommes d’abord rencontrés dans un lieu qui ne se prête guère à cela : la FNAC ! (rires) Sûrement une première pour elle ! Ensuite, nous nous sommes rendus dans une brasserie, où nous avons pu discuter de tout devant un verre.

Elle : Cela fera bientôt 2 ans que nous nous connaissons. Nous nous sommes rencontrés par le biais d’un site. Eric m’a très vite dit qu’il était paraplégique, pour autant, cela ne m’a pas freiné dans mon envie de le rencontrer en réel. Après quelques échanges écrits, nous avons rapidement décidé de fixer un rendez vous, dans un lieu peu banal : à la Fnac ! (rires)

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Qu’est ce qui vous a séduit chez elle ?

Lui : Beaucoup de choses ! Tout d’abord ses jambes. Elle était venue avec une petite robe d’été, et avait de beaux bas beiges… Miam… Mais il y avait aussi son beau regard bleu profond ! Et au fil de notre discussion, j’ai senti que je pouvais aborder avec elle plein de sujets que j’aime, elle avait toujours du répondant ! Musique, cinéma, société : elle savais toujours de quoi je parlais ! Ce n’était pas qu’une belle enveloppe vide !!

Elle : Sa franchise ! Il répondait à toutes mes questions même les plus indiscrètes concernant sa sexualité par rapport à sa paraplégie. Et puis, lors de notre premier rendez-vous, j’ai été charmée par son regard, ses beaux yeux bleus m’ont séduite.

Quel est le plus beau cadeau qu’elle vous ait fait ?

Lui : Il n’y a pas un seul cadeau en particulier, mais plutôt beaucoup de petites choses qui font naître les sentiments. C’est une personne hyper sensible, ouverte d’esprit, et très curieuse ! Que ce soit pour toutes les choses de la vie, ou pour les rapports humains. Elle n’a pas vu que le fauteuil, mais plutôt la personne qui était dessus, et a gratté le vernis, pour en savoir plus, quand d’autres aurait pris la fuite. Elle a appris, exploré, pour savoir qui j’étais, et qui nous pouvions devenir ! Il était dès le début indéniable que nous étions en phase, très souvent la même pensée au même moment, la même phrase qui sort de notre bouche dans la même seconde, c’est arrivé un nombre incalculable de fois !

Elle : Sans hésitation : l’espoir.
Lorsque j’ai rencontré Eric, j’étais dans une période difficile de ma vie, j’avais perdu tout espoir d’une vie rêvée, j’avais un regard assez cynique sur la vie. Eric a su être une présence bienveillante, patiente, il m’a laissé l’opportunité de me laisser « grandir/évoluer » pendant cette période sombre, et surtout il a su progressivement me redonner confiance en la vie. Eric est la fin de mes phrases, mes pensées bien avant que je ne les verbalise, il est mon autre.

Qu’est ce qui vous excite le plus chez elle ?

Lui : Sans hésitation : ses jambes ! J’adore les caresser, je ne m’en lasse pas !

Elle : Il n’y a pas une seule chose mais plusieurs choses qui m’excitent chez lui ! Son torse et ses bras sont un vrai régal visuel !!! J’adore quand il me caresse les jambes lorsque nous nous promenons ou bien qu’il m’évoque des situations coquines où je devrais porter des tenues sexy.

Quelle est sa spécialité ?

Lui : A vrai dire il m’est difficile de répondre à cette question, car avec ma sexualité un peu en décalage en raison de ma paraplégie, les pratiques classiques me sont un peu devenues étrangères. Mais je dirais sa soif d’explorer les plaisirs du sexe sous tous ses angles : elle est toujours partante pour qu’on essaie de nouvelles choses (ou que l’on refasse ce qui nous a plu bien entendu), toujours prête à me faire plaisir quand je lui demande de porter de jolis dessous que beaucoup de femmes rechignent à enfiler ! Toujours dans l’optique de vouloir me plaire, de vouloir me rendre fier d’être avec elle (ce qui n est pas difficile, je le suis toujours), me donner du plaisir en permanence. Et dans nos jeux, elle se donne sans aucune limite. Oui ce serait peut être ça : la façon dont elle donne tout pour moi !

Elle : Incontestablement le cunnilingus ! Il est insatiable ! Son plaisir est le plaisir que sa partenaire ressentira, il est infatigable (rires).

Vos pratiques et envies sexuelles ont-elles évolué depuis votre rencontre ?

Lui : Oui, indéniablement ! Au fil de notre relation, notre confiance est toujours plus grande, nous dialoguons beaucoup. Nous n’avons pas de retenue l’un envers l’autre et abordons sans crainte du jugement de l’autre. Bien au contraire, nous sommes avides de découvertes, nous sommes en perpétuelle exploration, nos limites sont sans cesse repoussées. Il est bien évident que nous avons des interdits (comme tout le monde), mais en dehors de ces interdits, il suffit que l’un de nous deux aborde un sujet pour que l’on se dise « ah oui pourquoi pas ? ». Donc concrètement, oui nos pratiques ont changé, et continueront de changer, n’est ce pas le propre d’une relation saine ?

Elle : On va dire qu’au début, on s’est apprivoisés, comme une première fois pour moi, dans le sens où je ne savais pas comment lui apporter du plaisir étant donné qu’il n’avait pas d’érection. Oui je sais, c’est très surfait comme approche mais on se sent un peu bête la première fois face au handicap. Je pense qu’on sait surtout écouter l’un et l’autre, le dialogue étant primordial pour échanger sur nos besoins, nos envies. On a donc testé, expérimenté, tenté, bref, très ouverts quant à notre sexualité et nos limites. Nous avons essayé plus de jeux, de jouets, de pratiques telle que la domination/soumission, nous sommes très curieux et joueurs. Et nous nous sommes ouverts aux pratiques libertines ensemble progressivement.

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Votre plus belle expérience sur Netech/Wyylde ?

Lui : Je serais tenté de dire : toutes ! Car à chacune des rencontres que nous avons pu faire, ce fut différent, et à chaque fois un vrai délice ! Que ce soit au moment même de la rencontre, ou après, dans son souvenir ! Je pense que c’est tout simplement du au fait que nous ne sommes pas des consommateurs invétérés, à la poursuite d’un quelconque tableau de chasse, ou de performances coûte que coûte. Nous sommes avant tout dans l’optique de rencontrer des gens qui voient les choses sous le même angle que nous, c’est à dire : savourer l’instant. Le vivre pleinement dans le partage, la convivialité !
Nous prenons le temps de voir à qui nous avons à faire, mais surtout, nous laissons aux couples avec qui nous discutons le temps de nous découvrir, de voir si ma position en fauteuil peut-être un obstacle à une soirée réussie, si c’est le cas, nous le comprenons.

Elle : Je n’ai pas de « plus belle expérience » car pour moi, chaque rencontre a été une expérience agréable, surprenante et unique. Le plus beau cadeau qu’Eric ait pu me faire est de partager ensemble notre premier moment libertin, et ensuite de me faire une belle surprise, en m’organisant une rencontre libertine avec des pratiques inédites pour moi, où il a m’a dit durant cette soirée de très belles paroles, j’étais vraiment touchée et cela m’a vraiment émue.

Qu’est que vous apporte le libertinage ?

Lui : Il nous apporte une fenêtre où l’on peut se lâcher et vivre notre sexualité sans aucun frein. Un peu comme un exutoire où le plaisir est l’unique priorité, où Sandrine et moi partageons ensemble ces instants en totale symbiose.

Elle : Le libertinage permet d’agrémenter nos jeux, de vivre des expériences communes et de rencontrer de belles personnes.

Qu’est ce que vous aimez le plus dans le libertinage ?

Lui : Comme je le disais, c’est petit jardin secret, où nous nous lâchons, où nous vivons pleinement notre sexualité en tant qu’individu, mais surtout en tant que couple uni.

Elle : Je me sens moi, c’est ça que j’aime le plus dans le libertinage, je ne ressens pas d’entrave, je suis juste moi.

C’est quoi pour vous être libertin ?

Lui : Etre libertin pour moi c’est juste vouloir profiter des plaisirs de la vie, profiter de chacune de ses envies pour dépasser les limites que fixent les soi-disant « bonnes mœurs », rencontrer d’autres personnes ayant cette philosophie pour vivre avec eux des instants où respect, découverte, convivialité, érotisme et partage sont les leitmotivs ! Et parfois certains liens se créent, et on l’on peut même ajouter l’amitié à la liste.

Elle : Libertine est le morceau du puzzle qui me manquait ; pour moi, être libertine est de profiter des plaisirs que m’offre la vie, m’enrichir par les rencontres. Le libertinage allie plaisir/bien être, partage, confiance, et respect. Eric et moi ne « consommons » pas le libertinage, comme nous pouvons le constater souvent pour bon nombre de personnes. Nous avons une pratique libertine assez tranquille, et faisons en fonction de nos envies, de nos rencontres et de notre organisation de vie. Ma conception du libertinage est un mode de nos pratiques sexuelles certes mais pour autant, c’est juste le petit côté pétillant, le petit plus et en rien le côté « obligation » et « frénésie » de nos pratiques sexuelles.

Des projets ?

Lui : Oui quelques uns. Disons que 2016 devrait nous voir emménager ensemble (puisque nous sommes un couple recomposé), mais nous prenons notre temps. En termes de libertinage, nous avons tissé des liens avec certaines personnes au fil des discussions, et il est certain que nous aurions voulu les rencontrer. Faute de temps nous avons dû reporter, alors nous espérons que 2016 nous permettra de les rencontrer pour vivre d’autres belles aventures avec ces quelques couples !

Elle : J’ai toujours des « séquelles » de cette période difficile que j’ai vécue il y a peu et donc la peur de revivre à l’avenir une telle situation de nouveau m’angoisse à vrai dire. Donc, je vis ma vie pas à pas, j’ai des envies d’avenir avec Eric mais je ne veux rien bousculer, je veux qu’on puisse construire ensemble de solides bases. Donc, si mes projets pouvaient se résumer en une seule phrase, je dirais « Carpe Diem ».

 

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24 h collé au cul de Miguel de Demonia

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Prénom : Miguel

Métier : responsable de la plus grande boutique fétichiste de Paris.

Age : 35 ans.

11h30 : Lever de rideau. Miguel ouvre la boutique aux clients. Il en tient les rênes depuis presque cinq ans. Située dans le quartier de Ménilmontant, aucune vitrine aguicheuse. Difficile d’imaginer derrière cette façade plutôt discrète, un gigantesque entrepôt entièrement dédié au plaisir. A l’intérieur, son équipe s’active. Tous les jours, elle reçoit de nouveaux produits qu’il faut déballer, étiqueter, mettre en rayons. Depuis 26 ans, la boutique Dèmonia règne sur le marché du fétichisme à Paris.

11h30

11h45 : Le made in China, non merci ! C’est bientôt Noël. Miguel reçoit de ses fournisseurs cartes de vœux et boîtes de chocolats, qu’il découvre avec Morgane, sa jolie vendeuse. La boutique achète à une vingtaine de fabricants, principalement français et européens. Il faut avant tout garantir la sécurité du client et souvent les produits en provenance d’Asie ne sont pas aux normes. S’il devait arriver que des clients se plaignent de sex toys, difficile de se retourner contre les fournisseurs chinois, « il l’aurait dans le c.. ! » C’est le cas de le dire… Miguel se donne du mal pour dénicher toujours plus de nouveautés : une veille de tous les instants, sur le net, sur les blogs ou même en discutant avec les clients.

11h45

12h : une question de taille. Derrière l’entrepôt dédié à la vente, les bureaux. Guillaume est le directeur de la communication. Avec Miguel, ils se connaissent depuis 20 ans. Son boulot, entre autres : mettre en ligne les articles en vente sur le site de la boutique. Chaque jour, il mesure des dizaines de godemichés pour s’assurer que la longueur de pénétration correspond bien à celle indiquée sur le packaging. Et là je découvre éberluée que certains peuvent aller jusqu’à 45 cm. Le nom (bien trouvé) de l’un de ces godes géants: Intimidator.

12h (1)

12h30 : Je rencontre mon premier client. Un homme d’une cinquantaine d’années, venu des îles. Il profite d’un voyage d’affaires dans la capitale pour faire son marché de jouets coquins. Là d’où il vient, tout le monde se connaît : difficile d’acheter en toute discrétion. Quant à la vente par correspondance, les frais de douane sont si élevés que ce n’est même pas la peine d’y penser. Il sait ce qu’il veut : un sex toy pour sa femme, appelé womanizer. Un best seller qu’il a repéré sur le net pour stimuler le clitoris sans l’engourdir : huit niveaux d’intensité modulable par simple pression d’un bouton. Lui-même m’en fait l’article : en 3 secondes, c’est le 7eme ciel garanti…

La plupart des clients viennent ici totalement décomplexés, même si Ben, l’un des magasiniers me confie que certains prennent parfois des précautions un tantinet ridicules. Il se souvient notamment de l’un deux, long imper noir, lunettes de soleil et casquette vissée sur la tête, venu simplement pour acheter quelques vidéos !

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12h45 : Les femmes aussi s’y mettent. Pénélope est une jolie trentenaire aux cheveux roses qui travaille dans la finance. Habituée des lieux, elle fait direct la bise à Miguel. Dominatrice assumée, même si elle ne veut pas qu’on photographie son visage, aujourd’hui, elle vient renouveler son stock de gants en latex. Depuis quelques années, notamment avec le succès de 50 shades of Grey, l’image du BDSM a changé. Plus sexy, il attire désormais de plus en plus de filles. Penelope elle, n’a pas attendu la sortie de ce best seller pour aimer ça. Elle a découvert le BDSM à l’âge de 20 ans grâce à un clip des Sex pistols. Surprise, je découvre que comme de nombreuses femmes, elle préfère être conseillée par un homme qui lui parle de son vagin plutôt que par une vendeuse femme qui aurait elle, tendance à mettre en avant ses propres goûts, pas forcément les mêmes que ceux des clientes.  

12h45

13h : pause déjeuner. L’équipe part en décalé afin de toujours laisser quelqu’un en boutique, même si en général, le gros des clients arrive en fin d’après-midi, aux heures de fermeture des bureaux. Direction un petit resto du bout de la rue avec Yann, nouveau venu que Miguel forme pour en faire son adjoint et Guillaume, le dir com.  A la carte aujourd’hui, un menu de circonstance : boudin blanc aux pommes… et évocation de vieux souvenirs. Car la team de Dèmonia, c’est avant tout une histoire de potes.

Dans une autre vie, Miguel bossait dans une agence de communication, avant de créer sa propre marque de tee shirts. Des tee shirts à slogans qu’il avait imaginés, au départ, pour lier conversation dans les bars : « master/slave », « I love BDSM » … L’un de ses principaux clients devient vite la boutique Dèmonia. A l’époque il a 22 ans. On lui donne deux invitations pour la fameuse nuit du même nom. Il cherche quelqu’un pour l’accompagner. Tous ses potes se défilent, sauf Guillaume. Ce milieu, ils n’y connaissaient rien. Sourire aux lèvres, il se souviennent qu’il avaient peur de se faire fouetter. Depuis, pour rien au monde, les deux amis n’en manqueraient une. Et des années plus tard, quand Miguel peut offrir à la boutique un poste de dir com, c’est tout de suite à Guillaume qu’il le propose.   

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14h : Prêts à partir. Avec Ben, Miguel contrôle que les articles vendus sur internet sont prêts pour l’expédition. Destination, la France, l’Espagne, la Suisse, la Belgique ou encore les Dom Tom. Sur le bordereau de livraison, pour plus de discrétion, aucune mention de la boutique. Pour la douane, il sera juste écrit « loisirs et détentes ». Idem pour la facturation du client. Difficile d’imaginer sur un relevé bancaire, que derrière la société « comedit » se cache en réalité l’un des plus gros sex shops d’Europe. Miguel, comme beaucoup, mise de plus en plus sur la vente en ligne, plus rentable. Car les bénéfices des ventes en boutique sont eux, taxés à plus de 60%. Une politique que Miguel a du mal à comprendre, alors que selon lui, vendre sex toys et accessoires SM, c’est faire mission de salubrité publique !

15h : Rosebuds are forever. Derrière une vitrine, les accessoires de luxe, des bijoux d’anus tellement jolis qu’on les mettrait limite en déco dans son salon. Certains sont même ornés de cristaux signés Swaroski. Miguel milite pour une sexualité épanouie, « la première source de bonheur étant dans le sexe ». Rien n’est trop beau pour le plaisir. A son arrivée, Miguel a voulu renouveler l’offre de la boutique. Du ruban en satin (ce qui se vend le plus aujourd’hui) aux accessoires de luxe, ici, il y en a pour tous les goûts et pour tous les budgets.

15h

15h30 : Nouvelle livraison. Comme une enfant qui déballe ses jouets, je découvre avec Miguel les dernières nouveautés, notamment une poudre qui transforme l’eau en gelée pour un bain ultra-sensuel.

16h : Rencontre avec Anna, très jolie fille de 20 ans, égérie de la boutique. Tout juste arrivée de Grenoble, à l’entrée du magasin, elle fait sensation. A l’intérieur, son portrait s’affiche parmi d’autres, en quatre par trois. Elle est l’une des modèles photographiées par Miguel pour le calendrier annuel de la boutique. « Soumise ou dominatrice, ce qui me plaît dans le BDSM, c’est que les femmes sont toujours mises en valeur par les vêtements ou par les poses, elles sont toujours belles ».

16h

17h30 : On se sent bien chez Dèmonia. Je fouine dans les étals, sans doute l’air tellement  à l’aise qu’un bel homme de 40 ans se dirige droit sur moi pour me demander « un corset avec plein de sangles ». Incapable de l’aider – il me faudrait une bonne semaine pour m’y retrouver dans tous les modèles proposés – je le dirige vers Yann.

18h : Sortie des bureaux, effectivement les clients sont de plus en plus nombreux. Pas de profil type, il y en a de tous genres : du jeune homme de 20 ans en quête de sensations fortes au couple échangiste qui vient une fois par mois, en passant par le banquier en bas et talons d’au moins 10 cm. J’admire son aisance à marcher avec. Juste une question d’entraînement, me répond-il un brin condescendant.

18h

19h30 : Champagne et macarons pour fêter la sortie du calendrier Dèmonia 2016. Une trentaine d’invités sont attendus. L’une des premières arrivées s’appelle Brigitta, elle a 27 ans, elle est roumaine.  Etudiante en BTS de gestion, elle est aussi serveuse dans un bar du cinquième arrondissement. Elle doit commencer son service dans une heure, mais pas question de louper la sortie du calendrier. Miss février, c’est elle. C’était la première fois qu’elle posait dévêtue, c’est la première fois qu’elle voit sa photo. Ravie du résultat et émue, c’est la première fois qu’elle se trouve belle. Merci Miguel.

19h30 bis 19h30

20h : Miguel retrouve sa fiancée, Psy. Ils se sont rencontrés il y a 7 ans lors d’une croisière fétichiste. Un coup de foudre mutuel, qu’ils ne se sont pourtant avoués que 9 mois plus tard. Psy, c’est la jeune femme qui illustre chaque année, en juin, l’affiche de la soirée Dèmonia. Juin, c’est aussi le mois de naissance de Miguel. Alors forcément, il y fait encore plus attention : c’est toujours elle qu’il photographie pour incarner son mois de naissance.

20h

21h : Le calendrier fait des émules. Parmi les invités, Billy K., collaboratrice de Wyylde, demande à Miguel si elle pourrait poser pour le prochain. Dans les allées, une nouvelle recrue passe en revue les modèles. A 25 ans, Loïse va bientôt troquer sa blouse d’opticienne pour celui de vendeuse Dèmonia. Elle doit commencer à la boutique début janvier. Le brief de Miguel: « Mon boulot, c’est d’attirer les clients, ton boulot, c’est de faire en sorte qu’ils reviennent». Moi, je signe tout de suite.

21h

Modèle : Ceriz Vodka © Miguel

Modèle : Ceriz Vodka © Miguel

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Buck Angel « L’homme avec une chatte »

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Trans female-to-male d’origine américaine, Buck Angel défend la fluidité des sexualités et des genres. S’il a les traits et le corps d’un homme, il refuse néanmoins la phalloplastie, cette opération chirurgicale consistant à “fabriquer” un pénis. Son identité est devenue une lutte. Créateur de la société de production Buck Angel Entertainment, il a commencé comme acteur dans le porno gay et s’est depuis lancé dans la réalisation de documentaires. Il donne la parole aux transgenres et la prend lors de conférences, façonnant son statut d’icône LGBTQ (lesbien, gay, bisexuel, transgenre et queer).

Vos débuts dans le porno gay étaient-ils déjà synonymes de militantisme ?

J’ai tourné dans ces films parce que la transsexualité n’y était pas représentée. D’abord, le public gay s’est senti contrarié par l’attirance qu’il pouvait éprouver pour moi, un homme trans. Il a peu à peu compris que la fluidité de sa sexualité ne remettait pas pour autant en cause son identité homosexuelle. Susciter cette prise de conscience, “éduquer » en quelque sorte, a été une grande source de motivation.

©Cathy Calvanus

©Cathy Calvanus

Comment votre entourage a-t-il perçu vos choix de carrière ?

Certaines personnes de ma communauté ont émis des jugements, prétendant que je fétichisais l’homme trans ou que je me posais en modèle. Je ne fais ni l’un, ni l’autre. J’aide simplement les gens à se sentir mieux avec leur corps et leur sexualité.

Pourquoi ne pas recourir à la phalloplastie ? Cette opération est-elle taboue pour les trans female-to-male ?

Il ne s’agit pas vraiment d’un tabou. Beaucoup de trans FtM n’optent pas pour la chirurgie du pénis – ou la « bottom surgery » comme on l’appelle (NDLR : littéralement « chirurgie d’en bas”) – parce que les possibilités sont limitées. Dans mon cas, le résultat ne me paraissait pas assez satisfaisant. C’était une décision difficile à prendre, mais maintenant je suis très content de mon vagin. J’en suis fier. J’ose croire qu’à l’avenir les progrès de la science offriront aux hommes trans un véritable choix.

Comment votre identité est-elle devenue un combat ?

Mon identité actuelle, je l’ai créée. Pendant de nombreuses années, j’étais mal dans ma peau, puis j’ai eu l’opportunité de me transformer grâce à la prise d’hormones et à la chirurgie. Ça a été un incroyable voyage pour moi, que je souhaite à tous les transgenres en devenir. Aujourd’hui, je peux vous assurer que je me sens vraiment mieux en tant qu’homme… J’ai tant d’opportunités dont les femmes sont privées ! Je suis l’exemple vivant d’un combat réussi : oui, en se réappropriant son corps et en apprenant à s’aimer, les choses s’améliorent.

Vous considérez-vous comme une icône du mouvement LGBTQ ?

Je ne sais pas si je suis une icône, mais je suis un pionnier et je m’en réjouis. J’influence de nombreuses personnes et les motive afin qu’elles suivent leur propre voie et non pas celle qu’on leur dicte. J’espère contribuer à sauver des vies. J’aime ce que je fais, j’aime me démarquer. Je reçois aussi des critiques, ce qui est normal quand on est connu et que l’on a son franc-parler. Mais certaines me déplaisent.Une partie de la communauté trans tente en effet de faire échouer mes travaux sur le sexe.

Catherine Calvanus

©Cathy Calvanus

Est-ce plus facile d’être transgenre depuis la « révolution sexuelle » ?

Je ne crois pas. La transition d’un genre vers l’autre reste une expérience très difficile. Les personnes qui s’engagent sur cette voie doivent comprendre qu’elle va bouleverser leur existence. On ne doit pas la prendre à la légère. Selon moi, le suivi psychiatrique n’est pas suffisamment approfondi de nos jours alors qu’il est indispensable. S’en passer serait dangereux. Cela étant, je constate qu’entre le moment de ma transition il y a plus de vingt ans, et aujourd’hui, la transsexualité est davantage tolérée aux États-Unis. De nombreuses émissions de télévision mettent en scène des personnages trans : une couverture médiatique qui contribue à faire accepter notre identité. Cependant, la plupart des cisgenres (NDLR : le terme « cisgenre » est le pendant de “transgenre” et qualifie une personne dont l’identité de genre coïncide avec son sexe déclaré à l’état civil) peinent encore à comprendre comment quelqu’un peut avoir la sensation de ne pas vivre dans le bon corps, au point de vouloir le modifier en profondeur.

De quels clichés ou attaques sont victimes les trans ?

Les trans subissent des discriminations de la part des cisgenres, mais aussi à l’intérieur de leur communauté. Si vous ne vous travestissez pas, si votre comportement ne correspond pas à l’identité de genre vers laquelle vous avez décidé de migrer, voire même si vous n’avez pas opté pour une opération chirurgicale, certains trans vous rejetteront et nieront votre transsexualité. Or, chacun devrait pouvoir opérer sa transition s’il le souhaite, de la façon dont il le souhaite, sans subir toutes ces pressions. Nous sommes par ailleurs sujets à de grandes violences ; des trans sont assassinés. Seule l’éducation fera reculer l’intolérance et la fréquence de ces drames.

Aux États-Unis, qui s’oppose à eux ?

La droite religieuse américaine prêche la haine envers les LGBTQ. Ils entretiennent les envies de meurtre vis-à-vis des transsexuels. Pour eux, nous sommes des êtres anormaux, des pervers dont le but ultime est de convertir l’humanité toute entière à l’homosexualité et à la transsexualité. C’est toujours la même peur.

Ont-ils une réelle influence sur le paysage politique ?

Ils ont malheureusement un poids certain et beaucoup d’argent. Ils déploient une énergie folle pour propager leurs idées. Leur capacité à attirer progressivement des gens dans leur camp est effrayante. On les retrouve aussi en France et partout dans le monde.

Votre projet Transtatic permet à des transgenres de s’exprimer sur scène face à un public. En quoi est-ce important de partager ces histoires personnelles ?

J’adore ce nouveau projet ! L’idée m’est venue lors de Bawdy Storytelling, un événement autour du concept de storytelling. Je savais à quel point le récit de nos anecdotes pouvait avoir un impact puissant sur les mentalités. Chacun a une histoire unique qui mérite d’être racontée. C’est le meilleur moyen d’informer sur notre condition et de faire naître la compassion.

Votre série documentaire Sexing The Transman s’inscrit-elle dans cette logique ?

Sexing The Transman est un porte-voix pour la variété inhérente à la sexualité des FtM et une belle réussite. C’est une autre façon de sensibiliser, à travers la dimension sexuelle cette fois-ci. Je travaille actuellement sur le Volume 5, qui sera diffusé en janvier 2016.

En quoi le genre documentaire est-il un bon outil de militantisme ?

C’est un activisme du quotidien, qui n’impose rien, mais fait réfléchir, en montrant simplement la réalité.

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Est-ce complexe de convaincre des transgenres de se confier ?

La question du sexe met souvent les trans mal à l’aise. Peut-être que pour eux, c’est lié au fait d’être restés un moment déconnectés de leur corps. Certains refusent de discuter de leur transsexualité et je le comprends très bien, mais je veux encourager ceux qui en ont envie et n’osent pas. Mon approche est fondée sur la gratitude et l’amour. Il est très important pour moi de montrer au monde à quel point je suis heureux. Depuis ma transition, tout coule de source. J’ai tellement de chance de pouvoir enfin être moi-même après tant d’années de lutte pour réinventer mon identité et me délester de mes addictions à l’alcool et aux drogues…

Pourquoi avoir monté la plateforme BuckAngelDating ?

Il manquait un site de dating destiné aux trans et d’ailleurs l’offre reste restreinte. Suite à la création de BuckAngelDating, j’ai reçu des remerciements de toutes parts. C’est une plateforme très classique, la seule différence étant que la personne en face sait d’office que vous êtes trans, ce qui évite les réactions agressives ou hypocrites. Elle constitue en outre une bonne transition entre l’étape du coming out et celle des rencontres.

Avez-vous d’autres projets en préparation qui vous permettront d’aller plus loin dans votre engagement ?

Beaucoup de choses vont se passer en 2016. Avec des amis, nous mettons en place une organisation destinée à renseigner le secteur médical sur les problématiques liées à la transsexualité. J’ai plusieurs projets de livres et une très grosse surprise en préparation dont je ne peux pas encore parler !

*Nous avons rencontré Buck Angel alors qu’il était de passage à Paris pour le tournage de la vidéo du prochain titre de Loki Starfish, « Shivers Are Proof »

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Tout contre Gaspar Noé

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Considéré –à tort- comme le réalisateur le plus provocateur du cinéma français, Gaspar Noé en est incontestablement un enfant terrible, et sulfureux. Et s’il n’est ni français, ni stratège du scandale, on ne peut nier sa fascination pour le sexe et son empreinte sur le 7e art.

C’est dans un bar de l’est parisien que nous avons rendez-vous, dans l’après midi. Je suis plus habituée à le croiser, sporadiquement, dans des fêtes improbables. A notre première rencontre, j’étais hardeuse et il réalisait Sodomites, l’un des courts métrages pornos de prévention du SIDA, commandés par le ministère de la santé et Canal+ en 1998. Je ne le connaissais pas du tout, il m’avait donné des VHS : Scorpio Rising, Cruising… et surtout son moyen métrage Carne. Une immense claque cinématographique : je le considère depuis comme un insupportable génie du cinéma. Il finissait Seul contre tous, son premier long métrage, et la suite des aventures de ce boucher aux pulsions incestueuses et rongé par la haine.

« On nait seul, on vit seul, on meurt seul. Seul, toujours seul. Et même quand on baise, on est seul. »  (Seul contre tous)

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Le plus violent dans ces deux films, ce ne sont pas les images, aussi maîtrisées et choquantes soit-elles… C’est la voix off, le monologue intérieur du boucher qui se déverse dans la tête du spectateur jusqu’au vertige nauséeux. Il a du, bien sûr, autofinancer cet ovni, « le drame d’un ex-boucher chevalin qui se débat dans les entrailles de son pays ». Déjà la confusion entre l’auteur et son personnage : on l’a accusé à l’époque d’être raciste et faf. Il rit : « Je répondais que je ne pouvais pas être FAF, France Aux Français, puisque je ne suis même pas français ».

Il me taxe une cigarette (et crapote) avant de se prêter au pénible rituel de l’interview portrait. « Je suis né en Argentine à la toute fin de l’année 1963. Mon père est peintre, ma mère était assistante sociale, très gauchiste. Mon père a eu une bourse pour aller peindre aux États-Unis, et j’ai passé les quatre premières années de ma vie à New York, ensuite nous sommes rentrés à Buenos Aires, jusqu’à mes 12 ans. Après il y a eu un coup d’état… Avant le coup d’état, il y avait déjà des camps de torture, les amis de mes parents se faisaient kidnapper et mon père a fui vers la France. » Toute la famille le rejoindra six mois plus tard, et ils resteront exilés politiques tout le temps de la dictature. « Mon père avait très peur de rentrer, ne serait-ce que pour une exposition, mais au bout de longues années un gouvernement démocratique s’est installé et ma mère a décidé de partir en premier, mon père l’a rejointe au bout de deux ans ».

Gaspar Noé choisit de rester seul à Paris : « J’ai passé toute mon adolescence en France, je ne me voyais pas repartir en Argentine. D’autant plus que j’ai fait des études de cinéma très jeune, entre 17 et 19 ans, à l’école Louis Lumière, qui prépare les chefs op’ et les cadreurs. » Il travaille ensuite comme assistant réalisateur, réalise ses premiers courts… Et depuis, il n’a jamais pensé à demander la nationalité française, toujours argentin ? Je tombe des nues : Gaspar Noé est en fait binational… argentin-italien.

©Lynn SK

« Mon arrière grand-père avait émigré en Argentine, quand mon père est venu en Europe il a demandé la double nationalité pour toute la famille. Je n’ai jamais vécu en Italie, je ne parle pas Italien. Si je n’avais pas eu de passeport italien, pour voyager partout dans le monde, j’aurais demandé le français. Mais aller dans un commissariat, ça me fatigue d’avance. Je n’aime pas les paperasses, tout ça… Je ne me sens pas plus argentin que je ne me sens français, je me sens… » Il hésite, j’explose de rire : « citoyen du monde ? ». Il rit aussi : « Non, pas citoyen du monde, mais on ne vient pas au monde pour défendre un drapeau… En fait je me sens bien… Je ne dirais pas en France, je me sens bien à Paris. Même si je trouve que Paris est plus nuageux qu’il n’était quand je suis arrivé ici. »  Finalement, cette absence « d’identité nationale » ne me surprend pas, compte tenu de sa liberté d’artiste. Il conclut : « Aux Etats-Unis on te demande toujours tes origines, je réponds que je viens du corps de ma mère ».

Fils de p…eintre 

Si j’étais convaincue de l’influence du père de Gaspar Noé sur le génie de ses compositions cinématographiques, il semble que j’aie sous-estimé l’influence de sa mère. C’est en la filmant « en train de mourir* » (*Libération 14 juillet 2015) qu’il a expérimenté la 3D : cela explique sans doute son approche dans LOVE 3D, toute en subtilité, en profondeur, alors qu’on attendait plutôt des plans surgissants de la part d’un cinéaste réputé pour sa brutalité. Mais surtout, sa mère a marqué sa vision du monde.

Irreversible

Je n’ai jamais cru à un Gaspar Noé délibérément provocateur. C’est Irréversible, le scandale de Cannes 2002, qui gravera cette étiquette dans l’esprit du public – personne ne prêtera vraiment attention au défi technique plan séquence, véritable enjeu de ce film. (Et transition évidente, avec le recul, pour l’ovni Enter The Void : un échec commercial, mais film culte dès sa sortie en 2009.)

Et il confirme : « Je ne sais pas si ce sont les mêmes motivations mais par exemple, quand Virginie (Despentes, NDRL) et toi avez fait Baise-moi, ça paraît naturel, c’est ça qu’il faut faire, pas par provoc’ mais parce que c’est naturel ».

Mais je ne pensais pas que dans le fond, c’était même le contraire de la provocation : une part de lui chercherait à faire plaisir à sa mère…

« Ma mère était assez radicale dans ses choix existentiels, elle me montrait des films de Pasolini ou Fassbinder à 10 ans.  Elle avait mis la barre assez haut, après tu n’as pas envie de faire des petits films d’action ou des comédies… A un moment, il y a quelques personnes dans ta vie dont le regard est important pour toi, j’avais le regard de mon père mais il était plus cool… Ma mère était plus nette dans ses goûts. Que les gens te disent que tes films c’est de la merde, que tu les provoques, tu t’en fous… Mais si ta mère qui t’emmenait voir Pasolini et Fassbinder te dit : putain, t’es un peu bête… »

Gaspar a grandi dans un monde où la censure n’était pas ce qu’elle est devenue. Ces films passaient sur les chaines du service public, avec un simple carré blanc… Il évoque ce temps béni avec beaucoup de nostalgie.

« Je trouve que la France aujourd’hui est en train de changer, l’Europe est en train de changer. Je suis né dans un contexte laïque ou athée, je suis arrivé ici, c’était l’époque où je lisais Hara Kiri tous les mois, Charlie mensuelUn monde libre où il fait bon vivre, et tout à coup, toutes ces libertés sont considérés comme des outrances, ce qui était naturel est devenu transgressif.  Mes films sont le produit direct de ce que j’ai ingéré quand j’avais 14 ou 15 ans, de Taxi Driver à la télé avec un carré blanc, du Professeur Choron… Je n’aurais jamais, jamais imaginé, en tant qu’enfant, que la religion allait revenir dans ce monde.»  

Nous avons déjà parlé très longuement de Daesh et de leur imagerie, avant que je ne proteste parce que ce serait dur à placer dans Wyylde. Mais après tout, « sex is politics » : « Cette radicalisation d’un Etat belliqueux au Moyen-Orient, ça influe sur toute représentation de la sexualité, les concepts, ce qui faisait  la beauté de l’Occident des années 70. C’est en train de s’écrouler… Il y a un mimétisme occidental, ce coté ultra réac, reptilien, dominateur, de société religieuse, est en train d’éteindre le monde qu’on appelait occidental. Tu as plus de mal à montrer une bite dans un film ou sur internet qu’avant, mais par contre, des flingues et des mitraillettes… »  On valorise de plus en plus ce genre de virilité, alors que le sexe est de plus en plus « cloisonné ».  

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Obsédé par le porno ?

Je suis bien placée pour savoir, tout de même, que Gaspar Noé a montré un intérêt sincère pour le porno. Pour Sodomites, son intention était de réaliser un porno – finalement raté dans les stricts critères du genre, mais superbe en tant que court expérimental. Alors, obsédé par le porno ?

« Non, pas par le porno, par la vie… Quand tu es au lycée, tu as des magazines Lui, Playboy etc… Pour moi c’était le meilleur moment de la journée. Ça te fait rêver, tu te dis : j’ai envie de devenir adulte parce qu’un jour le monde sera meilleur. Mais c’était pas du porno. Quand Canal+ est apparu, mes parents n’étaient pas abonnés mais je passais des soirées à regarder des films cryptés, il faut avoir beaucoup de testostérone à écouler pour se branler avec des images toutes brouillées… J’étais tellement branleur, à un moment de ma vie, que je me suis fait des vœux de chasteté, comme un junkie qui veut décrocher. On devient un branleur, au sens péjoratif, comme quelqu’un qui fume des joints toute la journée, il ne sert à rien. Moi j’ai passé mon bac, et je me suis débarrassé de cette addiction quand je suis rentré dans le cinéma. En ayant un lien à la représentation de l’acte sexuel et de la nudité féminine assez passionné, comme j’ai eu pendant huit ans de ma vie, entre 20 et 30 ans… »

Il décrit la frontière entre le cinéma normal, où le rideau tombe avant l’acte ou sur l’acte, et le porno, à l’époque où on y voyait encore des « gens normaux », c’est-à-dire non épilés, tatoués, percés et bodybuildés, auxquels on peut s’identifier.  Il évoque un monde traversé par une rivière, alors que la réalité n’est pas séparée en deux rives… et les passeurs du Cinéma, ceux qui te font « traverser la rivière dans leur petite barque ».

Finalement, le porno, en tant que genre cinématographique, il ne semble pas vraiment comprendre. « Ça m’a intéressé en tant que zone de vie à laquelle tu n’as pas accès, qui te fait rêver, où tu as envie d’aller. Tu as l’impression de regarder par la lucarne ou par une serrure un monde auquel tu n’as pas accès mais qui te fascine et qui t’excite. » Il cite un numéro spécial de Libération, qui interrogeait les réalisateurs : pourquoi faites-vous des films ? « Je crois que Lynch avait répondu, faire du cinéma permet d’infiltrer des mondes auxquels tu n’aurais pas accès. Tu as un prétexte pour aller frapper à une porte, que ce soit par le documentaire ou la fiction : je viens filmer votre réalité. » Et il ne parle donc pas d’explorer le « monde du porno », mais celui de la sexualité. Comme il a exploré le milieu LGBT, SM, ou libertin – ce qui explique la scène de club échangiste de LOVE 3D.

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Trop libertaire pour le libertinage ?

Il trouve que les sociétés où les clubs échangistes existent sont les plus « tranquilles », « en tout cas, une sexualité plus calme ». Il a beaucoup voyagé, et notre formule de club libertin semble finalement très peu répandue : pas vraiment d’équivalent, que ce soit aux Etats Unis, en Argentine, ou même au Royaume Uni, même si d’autres formes de divertissement sexuel existent, de la prostitution au BDSM. Au Japon, « dès que tu demandes qu’on t’emmène dans un endroit marrant, on t’emmène dans un bar SM. Il y a des codes, un contexte un peu bourgeois, calibré, comme l’échangisme, je n’ai jamais été adepte. C’est différent du triolisme, qui peut être très naturel, dans la joie. Mais s’il faut se déguiser en pingouin pour aller dans un club, que la fille n’a pas le droit de mettre un pantalon… Les choses sont très ritualisées, je ne trouve pas ça si libertaire. Même si libertinage est un terme français, quand à Woodstock les gens se lâchent c’est autre chose. J’ai l’impression que la sexualité pourrait être plus libre. »

Trop libertaire pour le libertinage. Aussi, rien d’étonnant à ce qu’il n’ait aucune idée de son prochain projet : il attend librement la prochaine évidence. Sans doute un autre passage de frontières…

Cet article Tout contre Gaspar Noé est apparu en premier sur Wyylde le Mag.

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